Le Christ fait une apparition sur les hauts de Travers !
La vision est irréelle ! Il faut se pincer plusieurs fois pour le croire : serait-ce un Christ qui a fait son apparition dans la forêt, sur les hauteurs de Travers ? Si tel est le cas, il y a fort à parier que le paisible et sans histoire lieu « Le Montségand » devienne rapidement l’endroit le plus couru de la région. Mais avant que des millions de pèlerins ne débarquent, le Courrier a mené l’enquête…
Paraît-il qu’il faut parfois sortir des sentiers battus pour atteindre l’extraordinaire. Et quoi de plus extraordinaire que l’apparition du Christ en personne ? C’est par un courrier anonyme que l’information est arrivée jusqu’à nous. Canular ou véritable miracle, notre raison penchait pour la première solution avant de nous mettre en route. Direction ? Eh ben « par là-bas, au-dessus de Travers », dirons-nous.
Les corbeaux s’agitent, bon ou mauvais présage ?
Depuis le Bas-Vallon, la route est longue et la pente régulière pour atteindre le Montségand, lieu de cette improbable apparition. À chaque mètre parcouru, la quiétude et le silence gagnent du terrain. De sorte qu’il n’y a bientôt que le chant des oiseaux pour m’accompagner. Ah, les corbeaux s’agitent autour de moi : bon ou mauvais présage, je n’ose répondre à cette interrogation et me contente de rallier l’objectif de la mission du jour. Soudain, tout s’accélère ! Un bruit de plus ou plus intense s’approche. Mais qu’est-ce ?
Dans la forêt, un Christ se dessine
Je crois reconnaître un bruit de chaîne qui cogne le sol. Serait-ce un avertissement de la garde divine ? Ou pire encore, le diable en personne ? On ne va pas tarder à le savoir : trois, deux, un… vroummm ! L’imagination est parfois taquine. Ce n’était qu’un tracteur qui rentrait du champ. Mais quelques pas plus tard, je m’enfonce dans une forêt et j’ai le pressentiment de toucher au but. Je ne me trompe pas. À 80 mètres de moi environ, j’aperçois quelque chose attaché à un arbre. Je m’approche et la forme prend forme. Un Christ se dessine…
Qui me parle ? Serais-je l’élu ?
Splendide moment de communion entre l’homme, la nature et des forces qui nous dépassent. Mais en y regardant de plus près, je distingue d’autres formes, en d’autres coins de la forêt. Il y en a bien une soixantaine au total. Je n’y comprends plus rien.
Et il y a même une table et des chaises. « C’est un endroit idéal pour un pique-nique n’est-ce pas ? » Qui me parle ? Serais-je l’élu ? La créature en face de moi n’a pourtant rien de divin. Si ce n’est peut-être sa toison blanchâtre sur la tête. C’est pas vrai, c’est ce bon vieux Barrelet. Olivier D. Barrelet, le sculpteur sur bois de Môtiers. J’aurais dû m’en douter ! Mais qu’est-ce que cette mise en scène signifie ?
Un self-service d’art 100% gratuit
« Bienvenue au chemin Barrelet ! Vous m’aviez soumis l’idée de déposer certaines de mes sculptures en pleine nature et j’ai fini par vous écouter », jubile « le vieux chêne môtisan ». « Cet endroit est magique et j’y dépose petit à petit mes œuvres au fur et à mesure qu’elles disparaissent dans les bras des passants. » Un peu comme de belles fleurs, chaque sculpture est gratuite. « Je ne sais pas à qui je donne, c’est ce qui fait la particularité du projet » souffle-t-il. En réalité c’est le projet en lui-même qui est unique avec ce qui s’apparente à un self-service d’art 100% gratuit. Voilà une enquête efficacement menée. La population peut respirer, le Montségand peut garder sa quiétude. Il ne deviendra pas le pendant masculin de Notre-Dame de Lourdes !
Kevin Vaucher
Pourquoi les œuvres sont-elles attachées ?
Ne vous inquiétez pas de voir certaines œuvres du « chemin Barrelet » attachées. Si elles le sont, ce n’est pas pour vous empêcher de les prendre gratuitement mais simplement pour éviter que les vaches ne se blessent.