Conseil communal de Val-de-Travers
Le développement du site Dubied demeure en attente et entre dans le flou
Lundi soir, une majorité de droite du Conseil général de Val-de-Travers a refusé l’entrée en matière de la demande de crédit relative au développement de l’attractivité du site Dubied, à Couvet. En cause : le prix d’achat trop élevé d’une parcelle et des risques de surcoûts liés à une potentielle pollution des sols. Une décision met en pause la revalorisation du site.
La revalorisation du site Dubied à Couvet a-t-elle connu un simple coup d’arrêt ou a-t-elle été renvoyée aux calendes grecques ? C’est l’interrogation qui émane de la séance de lundi soir du Conseil général de Val-de-Travers. Malgré les préavis favorables des commissions de gestion et finances, de l’urbanisme et des travaux publics, les groupes PLR et UDC ont refusé l’entrée en matière de la demande de crédit de l’exécutif de 3.3 millions de francs pour développer l’attractivité du site Dubied. Avant même le début de la séance, le dépôt par le PLR d’un amendement, visant à supprimer la part de crédit relative à l’achat d’une parcelle pour y construire des places de parc et y installer une chaufferie du chauffage à distance (CAD), augurait de débats nourris.
Bien qu’il reconnaissait « pleinement l’intérêt du développement du site », le libéral-radical Mike Cortese était réservé sur le « montant significatif » de cet achat au vu des finances communales, soit 1.7 million. « Il est prématuré d’acquérir cette parcelle », a-t-il jugé, ajoutant que cela pourrait être réévalué dans le futur. Pour l’UDC, si Niels Rosselet-Christ convenait, lui aussi, d’une revalorisation du site nécessaire à terme, il était réticent face aux montants demandés et redoutait des risques de surcoûts en raison d’une pollution du site. « Il faut avancer avec prudence », a noté l’élu agrarien.
Division gauche / droite
À gauche, l’accueil du rapport du Conseil communal était tout autre. « Un projet ambitieux associant développement économique et rénovation d’un site patrimonial », a qualifié le socialiste Burim Ahmetaj, soulignant que ce crédit n’était pas à « fonds perdu » mais un « signal politique fort ». La popiste Adriana Ioset estimait que la solution trouvée était adéquate pour « relifter » le site. Face à l’accueil timoré de la droite de l’hémicycle, le conseiller communal Eric Sivignon a insisté sur le fait que les deux phases du projet, réfection de la route et achat de la parcelle, étaient imbriquées. « Avec cet amendement, nous n’aurons fait que la moitié du chemin », a-t-il relevé, en notant la volonté de l’exécutif d’avancer avec logique.
Le responsable du dicastère du territoire, de l’énergie et de la mobilité (DTEM) a également rappelé que le CAD était à l’origine des réflexions avec les propriétaires du site et qu’un rejet de cette partie signifierait, pour l’instant, la fin de son développement à Couvet. Dans son argumentaire, le conseiller communal a souligné que le projet recevait un soutien cantonal et l’appui des propriétaires. « Maintenant, cette configuration aligne toutes les planètes », a-t-il martelé. Enfin, Eric Sivignon a précisé que sans « feu vert » du Conseil général les discussions avec les propriétaires risqueraient de s’arrêter et qu’un tel projet ne pourrait pas être ressorti dans six mois ou un an. « Le Conseil communal est persuadé qu’au niveau stratégique, il faut y aller », a-t-il déclaré, en arguant que la commune pouvait prendre ce « risque » financier.
Incertitudes sur le futur du projet
Après une suspension de séance lors de laquelle les deux groupes de droite se sont longuement entretenus, le PLR a annoncé le retrait de son amendement, mais qu’il voterait le refus de l’entrée en matière, demandant deux demandes de crédits plus détaillées, notamment sur des pollutions potentielles des sols en profondeur. Le responsable du DTEM a répondu que le service de l’environnement cantonal avait déjà établi un premier rapport et que le crédit demandé prévoyait déjà d’éventuels travaux de dépollution.
À la suite d’une nouvelle interruption de séance demandée par le Parti socialiste, le conseiller communal a tenu à dédramatiser quelque peu l’atmosphère en avançant que le projet ne remettait pas en cause « l’avenir de la commune », mais regrettait la tournure des débats. Après la séance, le chef du DTEM se montrait circonspect sur les objets des réticences, d’abord prix d’achat, puis pollutions potentielles. « Nous devrons, au sein du Conseil communal, regarder comment interpréter ce refus et les suites possibles au dossier », avouait Eric Sivignon. Toutefois, il est plausible que les opportunités actuelles ne soient plus les mêmes à la prochaine étape du dossier.
Gabriel Risold