Prendre de la hauteur d’esprit
Pourquoi la société se met parfois en marche?
« En marche », ces deux mots occupent depuis des décennies l’espace public. L’actuel président français Emmanuel Macron en avait même fait sa « marque politique », allant jusqu’à qualifier son mouvement de « République en marche ». Avant lui, c’est dans la rue que la population a fait physiquement sienne cette expression en organisant différentes marches comme la marche blanche ou les manifestations (pour des revendications syndicales par exemple). Pourquoi la société ressent-elle parfois le besoin de se mettre en marche ?
La Marche du 1er mars ne laisse planer aucun doute. Tout est dans le titre. Ceux qui veulent y participer marchent en direction du château. Cet acte a une valeur commémorative bien sûr.
En 1848, les révolutionnaires s’étaient, quant à eux, mis en marche pour protester (on ne va pas vous expliquer une énième fois toute l’histoire dans cet article). Cette valeur de protestation semble s’être immiscée aujourd’hui dans d’autres formes de marches populaires.
Surfer sur l’envie de fuir
Symboliquement, se mettre en marche peut être une façon de fuir quelque chose. Fuir un événement, fuir une incompréhension ou fuir une politique. Emmanuel Macron n’a pas utilisé la marque « En Marche » pour rien. Lui aussi voulait surfer sur l’envie de fuir de la population française.
Fuir des politiciens qui ne les avaient pas assez aidés jusqu’ici, fuir le clivage gauche-droite, fuir les inégalités et ainsi de suite. Mais, dans une marche en avant, il y a surtout l’aspect de protestation qui ressort. Macron promettait de répondre à la protestation populaire mais il ne l’a pas fait ou pas suffisamment fait aux yeux de certains. Et le mouvement s’est alors inversé. C’est pour protester contre sa politique que les gilets jaunes ont envahi les rues et organisé des… marches à travers tout le pays.
« Le blocage » pour empêcher la fuite
Par ailleurs, il est aussi intéressant de noter que bloquer certaines routes et certains ronds-points – donc empêcher la marche en avant – est aussi utilisé comme moyen de protestation ! Qui n’a jamais entendu parler de ces protestataires climatiques bloquant tout à coup une autoroute ? Ou de ces agriculteurs en colère bloquant différents accès des grandes villes avec des bottes de foin ou du fumier ? Ici, ceux qui bloquent ont l’idée d’empêcher les responsables d’une action à fuir leurs responsabilités. De les mettre devant le fait accompli ! Dans le même genre, la marche blanche est un exemple particulièrement intéressant.
La marche blanche : symbole de protestation
La marche blanche a été popularisée le 20 octobre 1996, en Belgique. Date à laquelle un rassemblement citoyen de plusieurs centaines de milliers de personnes se met en place à la suite de l’enlèvement, du viol et de l’assassinat de jeunes enfants par Marc Dutroux. Choquée, désemparée et révoltée, la foule a suivi à la lettre les deux consignes des organisateurs : s’habiller en blanc et rester silencieux. Pourquoi ? Pour mieux faire du bruit et faire parler le poids du nombre. Comment les autorités auraient-elles pu rester silencieuses face à ces 300’000 personnes dans la rue ? Certaines fois, les revendications se font plus bruyantes. On pense notamment aux manifestations qui font suite à des annonces politiques ou à des questions climatiques.
Marcher, c’est aussi rendre hommage !
Les leaders de ces manifestations utilisent d’ailleurs souvent un porte-voix dans la rue, devenu au fil des rassemblements un véritable symbole de la protestation.
Quoi de mieux qu’un porte-voix pour dénoncer et exposer au monde des éléments qui nous révoltent ? Finalement, marcher a aussi un volet mémoriel. Marcher en groupe peut aussi viser à rendre hommage ! Rendre hommage à un défunt à la suite d’un fait divers.
Rendre hommage à un sportif, à une équipe ou à une classe (en fin d’année) lorsqu’un résultat le mérite. Rendre hommage à une tradition lors de cortèges de l’Abbaye par exemple. Et bien sûr : rendre hommage à un événement fondateur de notre canton lorsque le 1er mars vient à s’avancer sur notre calendrier !
Kevin Vaucher