Faire vivre la flamme de la solidarité

« La flamme de l’entraide et de la solidarité doit être ravivée », déclare, sans ambages Pierre Aubert. Le président de l’association « Soutien à l’Ukraine Val-de-Travers » a la mine relativement grave alors qu’il y a un mois, cela faisait deux ans que l’invasion russe de l’Ukraine faisait renaître la guerre sur le continent européen après plus de sept décennies de paix. « Nous ressentons une lassitude, une certaine fatigue compassionnelle dans la population », poursuit-il, en notant entendre de plus en plus de remarques désobligeantes envers les réfugiés ayant fui les combats.

L’association, qui s’est constituée en février 2023, a conscience que divers facteurs et raisons sont à la base de cet effritement de la solidarité envers les civils ukrainiens. « Plusieurs éléments sont venus se greffer à cette situation tragique », développe Claude-Alain Kleiner, membre de l’association, en citant, en exemple, un pouvoir d’achat mis à mal par l’inflation pour une grande majorité de la population et un sentiment « d’entre-soi » et d’individualisme, qui tend à se propager dans la société. « Alors que ce conflit est à trois heures d’avion de chez nous ! », rappelle-t-il.

Chaîne « de confiance »

Les deux membres de l’association se gardent de toutes considérations géopolitiques, avant tout, ce sont les fondamentales valeurs humaines et humanitaires qui doivent prévaloir. « La douleur, la souffrance des civils et leur besoin d’entraide sont plus importants que le reste », reconnaît Pierre Aubert. Celui qui a fondé « Soutien à l’Ukraine Val-de-Travers », avec quelques Vallonniers solidaires, est depuis longtemps impliqué dans la philanthropie et, dès le début de la guerre, a œuvré pour l’accueil de réfugiés. Puis, en lien avec le responsable de « Soutien à l’Ukraine Neuchâtel », David Ida, il a entrepris de créer une antenne vallonnière.

La réussite d’un premier souper de soutien en faveur des Ukrainiens en janvier 2023 a permis le départ, fin de ce mois-là, d’un camion d’aide pour Kiev. Génératrices, vêtements, ustensiles du quotidien, matériel de première nécessité et médical furent envoyés et reçus sur place début février. Un deuxième transport a été organisé fin janvier de cette année. L’association travaille en Ukraine avec une ONG, Kiev Defenders, qui réceptionne les envois et qui s’assure que les donations soient distribuées aux civils qui en ont la nécessité. « Cette chaîne est digne de confiance et efficace. On sait que cela arrive aux gens qui en ont besoin », explique Pierre Aubert, qui a de fréquents contacts via Whatsapp avec les membres de l’ONG.

Valeurs de nos démocraties

Malgré ces accomplissements, Pierre Aubert et Claude-Alain Kleiner constatent une solidarité des débuts qui s’effiloche avec le temps. En novembre dernier, lors d’un loto de soutien au succès mitigé, ils ont pu entendre certains commentaires réfractaires à cette aide. « Notre société a oublié que dans une guerre il y a des morts et notamment des civils », estiment-ils, avec gravité, mais sans vouloir juger quiconque. Dans le cas de celle-ci, le décompte des morts se fait désormais en dizaines, voire en centaines de milliers.

Fidèle à son mantra solidaire, l’association « Soutien à l’Ukraine Val-de-Travers » tiendra son assemblée générale le 25 avril prochain à 19 h, à Belle-Île 4, à Fleurier, et y convie toutes les personnes sensibles au destin du peuple ukrainien. La séance sera également l’occasion d’écouter le témoignage de la photographe vallonnière Tamara Berger qui s’est rendue sur place. « Apporter notre aide c’est aussi défendre les valeurs de liberté et d’humanité de nos démocraties », conclut Claude-Alain Kleiner. Des valeurs essentielles qui sont outragées par l’invasion russe du 24 février 2022.

Gabriel Risold

Contact « Soutien à l’Ukraine Val-de-Travers », Pierre Aubert, 079 206 90 25.