Une journée d’héliportage au Vallon
Le Courrier s’envoie en l’air 2 fois !
Un bruit sourd qui s’intensifie et se rapproche. Un petit « point noir » qui grossit peu à peu à l’horizon. Puis un feu d’artifice sonore qui s’accompagne d’un tourbillon de feuilles, de poussières et de branches soufflées par la puissance des pales de l’hélicoptère. Voilà le décor qui m’a suivi tout au long de la journée du 18 octobre. D’abord à Fleurier pour la SEVT et ensuite à Buttes, sur le télésiège de La Robella, les gros moyens ont été sortis pour faire le « nettoyage de printemps ». Un reportage photos complet est à découvrir sur nos réseaux sociaux Facebook et Instagram.
L’hélicoptère fascine. Tantôt félin qui donne l’impression de marcher sur l’eau et tantôt cheval sauvage qui fonce en direction de sa mission. Cette machine fascine, c’est comme ça ! Sa polyvalence permet aussi des interventions dans pratiquement toutes les situations et notamment, là où les humains ont des difficultés d’accès. C’est exactement le problème auquel était confronté la Société électrique du Val-de-Travers (SEVT), dans la forêt se situant derrière l’ancien café de la Raisse, à Fleurier. Deux vieux poteaux électriques devaient être remplacés. Mais la topologie du terrain se prêtait mal à une intervention humaine. Bref, le terrain de jeu parfait pour Swiss Helicopter.
Quand le sol se cabre, l’hélico décolle
Cette société privée intervient dans toute la Suisse (sauf en Valais où le terrain est déjà bien occupé) pour aider à l’acheminement de matériel, souvent lourd et encombrant, dans des lieux escarpés. C’est ce qui nous attendait en cette fin de matinée plutôt douce. Avec deux hommes en orange de Swiss Helicopter et une poignée d’employés de la SEVT, nous sommes donc partis en marche dans la forêt fleurisane pour rallier les deux emplacements des poteaux électriques qui devaient être changés. Le chemin est tapissé de feuilles et d’obstacles naturels en tous genres et le sol se cabre rapidement. à tel point qu’il faut parfois utiliser des cordes pour se hisser un peu plus haut. Je comprends rapidement l’absolue nécessité de faire appel à un hélicoptère pour mener sur site les nouveaux poteaux.
Des sacs de 25 kilos sur le dos
Vous avez vu la pente ? C’était impossible d’imaginer faire autrement,
me confirme Rémy une fois arrivés sur les emplacements desdits poteaux. Une semaine plus tôt, lui et ses collègues avaient fait le même chemin avec des sacs de ciment de 25 kilos sur le dos.
Nous avons scellé un socle métallique pour sécuriser la fixation des piliers.
Cette solution a été privilégiée compte tenu de la souplesse du sol. Habituellement, les poteaux sont enterrés sur une profondeur d’un mètre cinquante. Il faut donc les traiter chimiquement à cœur, sur cette distance, pour les rendre plus résistants.
Il sont aussi traités sur le reste de leur longueur pour optimiser leur robustesse face aux intempéries.
Poteau bientôt centenaire
Une bonne illustration de ce « dopage climatique » nous est donnée par Christian et ses 40 ans de service à la SEVT.
Chaque poteau est contrôlé environ tous les cinq ans. Nous sommes récemment tombés sur un spécimen qui a été planté en 1927. Et il est toujours en état !
Rassurez-vous, tous les poteaux du Val-de-Travers ne sont pas aussi vieux. Leur durée de vie est de vingt ans, en moyenne. Trente à cinquante sont changés par année. Et vu leur toxicité, ils ne peuvent pas être simplement abandonnés en pleine forêt. Ils sont évacués vers une entreprise spécialisée qui se charge de leur élimination.
Nemo lancé dans le grand bain
Des poteaux électriques comme ceux qui ont été héliportés ce 18 octobre mesurent environ dix mètres. Leur poids est de 300 kilos et leur puissance de 400 volts. Dans notre cas, la ligne était complètement isolée donc nous n’avons pas eu à arrêter le courant. Mais une fois que les deux poteaux ont été acheminés sur place, en quelques minutes, par l’hélicoptère, le plus dur restait à faire.
Il faut monter sur le nouveau pour décrocher le câble autoporteur de l’ancien et procéder au basculement de l’appareillage électrique,
détaille Nemo. Nemo est un apprenti de 20 ans qui vivait son premier héliportage.
Puis, direction La Robella
C’est d’ailleurs un événement assez rare dans la carrière d’un électricien de réseau. Rémy a dix ans de métier et c’était aussi une première fois avec la machine volante. Seul Christian avait déjà vécu ça. Il se souvient qu’il avait même pu monter à bord de l’appareil. Cette fois, il n’en a pas eu le temps car l’équipe de Swiss Helicopter était attendue en début d’après-midi par Vincent Bouquet, chef d’exploitation des installations de La Robella. Ici, ce sont les trains de roulement du télésiège qui sont contrôlés, selon un système de tournus. Huit structures ont été héliportées jusqu’au parking pour partir en révision. Elles seront remises en place d’ici à l’hiver. Au final, le Courrier s’est envoyé en l’air deux fois et tout s’est bien passé. Rien n’est tombé au sol. La facture, elle, ne manquera pas de tomber !
Kevin Vaucher