Lorsque je rentre dans le « monde de Rosy », à proximité immédiate du pont des Chèvres, c’est comme si je tombais sur une couverture de livre. L’endroit est attirant et mystérieux à la fois. Il cache surtout de nombreuses surprises à l’intérieur, à qui sait prendre le temps d’observer et de contempler. Dans ce monde, le personnage principal est Rosy Sauser. Bien que tout tourne autour d’elle, la Fleurisane préfère souvent rester dans l’ombre. Mais c’est bel et bien elle qui fait briller la vitrine du garage familial qui se trouve à un jet de pierre de là. C’est encore elle qui fait chatoyer les murs de la maison de famille de l’autre côté de la route, le long de Belle-île. Son esprit créatif, elle en fait aussi bon usage pour le plaisir du plus grand nombre : la cabane à livres du pont des Chèvres, c’est encore à Rosy Sauser qu’on la doit.

De Fleurier à Montpellier et Marseille

En bas du sentier didactique de la Caroline, cette cabane est un trait d’union parfait entre la partie village et la partie « naturelle ». Cet « entre deux mondes » permet de se plonger à corps perdu dans l’un des nombreux livres qui y reposent.

À la base, c’est un endroit qui permet aux promeneurs de se protéger de la pluie. J’avais envie d’y donner un peu plus de vie alors j’y ai déposé quelques livres de jeunesse de mes enfants.

Le succès a été immédiat et d’autres Vallonniers ont commencé à jouer le jeu.

Il y a donc toujours de nouvelles choses à découvrir. J’aime bien ce concept de livre-voyageur.

Voyageur dans le sens qu’ils permettent l’évasion de l’esprit. Et voyageur aussi dans le fait qu’ils passent de foyer en foyer.

Il y a même des touristes de Montpellier et de Marseille qui me disent qu’ils s’arrêtent à chaque fois à la Cabane de Rosy lorsqu’ils passent par chez nous. Les livres traversent donc même les frontières, c’est génial.

L’improbable mariage d’un grand-papa vallonnier en vidéo

Cette « cahute » est sortie de terre en 1999 et elle a été remise en état en 2011. Mais onze ans plus tard, le temps à fait son effet et il y a des fuites. Depuis qu’elle s’en occupe (à l’été 2021), Rosy Sauser a colmaté les brèches avec ce qu’elle avait sous la main. C’est important car ce serait dommage que l’image du lieu se dégrade. Aujourd’hui déjà, des personnes confondent cette cabane à livres avec un débarras. Ils y balancent régulièrement des sacs poubelles, des portes en bois, des rideaux et d’autres objets.

Le must ? Une famille a laissé une VHS du mariage du grand-papa.

Un film privé qui a probablement une valeur sentimentale pour une famille mais ça s’arrête là.

Dernièrement, j’ai fait une petite place pour les CD et les DVD, non privés, je précise. Sans oublier un box spécifique pour les ouvrages en langues étrangères.

Attachée à l’univers qu’elle a créé, Rosy Sauser vient souvent plusieurs fois par jour pour « (entre)tenir la baraque ».

Et pas loin de là,…la table à Rosy

Concrètement, la Fleurisane a reçu l’autorisation de la Commune d’occuper la moitié de la cabane. L’autre reste à disposition des promeneurs en qualité d’abri. Cette autorisation est renouvelable d’année en année. Au vu de l’attraction que cette « cabane magique » suscite, terme utilisé par deux jeunes visiteurs vallonniers réguliers, c’est bien parti pour durer. En plus, l’univers de Rosy est complété à merveille par une place détente à quelques mètres de là.

J’ai défriché une parcelle de terrain en bord de route pour y mettre une petite table avec deux chaises. Je voulais créer une place sympa pour tout le monde.

Et sur la « table à Rosy » se succèdent désormais des pique-niqueurs, des travailleurs à la pause de midi, des promeneurs pour un instant de repos et des flâneurs pour ce qui constitue un beau coin de lecture en bordure de nature.
Sur cette « table tous publics », Rosy écrit régulièrement des pensées à la craie. Il y a quelques jours, on pouvait notamment y lire : il est important d’être simple et généreux. Simple et généreux, comme l’univers de Rosy !

Kevin Vaucher