Un budget légèrement déficitaire, mais en trompe-l’œil

Après avoir bouclé, en juin dernier, des comptes 2024 dans de réels chiffres noirs et un bénéfice d’un peu moins de 1.3 million de francs, la Commune de Val-de-Travers a présenté hier mercredi son budget pour l’année 2026. Affichant un déficit de 698’700 francs pour un total de charges de 77.9 millions de francs, celui-ci représente, comme l’a indiqué Benoît Simon-Vermot, conseiller communal en charge du dicastère de l’administration, de l’économie et de la protection de la population (DAEPP), le quatrième « meilleur » budget depuis la création de la commune. « Toutefois, ce résultat est en trompe-l’œil et il faut relativiser ce chiffre », a nuancé le grand argentier communal.

En effet, ce résultat n’est atteint qu’avec un prélèvement à la réserve de politique budgétaire de 1.8 million de francs pour compenser une diminution prédictive des revenus fiscaux, notamment des personnes morales, en raison du fort ralentissement économique. « Ce ralentissement est là et les feux sont au rouge », a constaté Benoît Simon-Vermot, en soulignant une baisse des rentrées de 5.9% entre les budgets 2025 et 2026. Un prélèvement à cette réserve, dotée de 13 millions, qui n’a été décidé qu’une seule fois depuis 2009, et qui cette année « permet d’atténuer la perspective d’une conjoncture morose », selon le grand argentier. Autre action qui permet d’atteindre ce déficit réduit, la vente prévue en 2026 de plusieurs terrains à bâtir et industriels pour une plus-value de 1.3 million de francs.

Facture sociale en hausse

Pour le chef du DAEPP, cette importante baisse des revenus fiscaux à venir est l’élément qui impacte le plus ce budget. Si le montant total des charges est en hausse, celui-ci est dû principalement à l’augmentation des charges de personnel pour un peu plus d’un million de francs en raison de la création de plusieurs postes cette année, notamment dans l’accueil de l’enfance et à l’octroi de l’échelon annuel.

Également, la facture sociale en augmentation de près de 308’000 francs. « Cela est aussi le reflet de la conjoncture actuelle », a noté Valéry Franchon, chef du service des finances. Autrement, Benoît Simon-Vermot souligne des charges « globalement maîtrisées », comme celles financières en diminution, en raison du tassement des taux d’intérêts. « Ce coût de l’argent en baisse est un élément positif pour les investissements à venir », relève le grand argentier, en soulignant l’obligation d’entretenir le patrimoine communal.

Fameuse ligne de crête

Des investissements pour 2026, dont le plafond sera fixé à 3.1 millions de francs, qui nécessiteront certainement des dérogations au frein à l’endettement, comme pour un crédit-cadre « route », le remplacement du terrain d’espaceVal ou le réaménagement de la traversée et de la gare de Môtiers. « Le Canton va entreprendre des travaux. Se coordonner avec ceux-ci est une opportunité », estime le chef du DAEPP. Ce dernier rappelle que Val-de-Travers évolue toujours sur « cette fameuse ligne de crête » entre prudence et nécessité de développer son attractivité. « Ce n’est pas encore un budget de crise », note-t-il, en soulignant des assises financières communales toujours « solides ».

Néanmoins, le grand argentier avoue que la commune demeure dépendante d’une conjoncture économique sur laquelle elle n’a pas ou que peu d’influence. « Nous sommes tributaires d’un marché exportateur et espérons que cette passe sera la plus courte possible et que l’horizon économique s’ouvre à nouveau », conclut Benoît Simon-Vermot. Ce budget sera soumis à l’approbation du Conseil général le 15 décembre prochain.

Gabriel Risold