Environnement
Après un an, les espoirs de ReGEAInération ont germé
En septembre 2024, le projet ReGEAInération, mené par le Service des forêts du Val-de-Travers, voyait les élèves de 7e et 8e années du Cercle scolaire collecter des glands dans le bas du canton pour tenter d’implanter des chênes au Vallon, grâce aux geais. Une année plus tard, les forestiers constatent que cela a fonctionné.
Après deux minutes de chemin forestier en 4×4 sur les hauteurs du Couvet, nous pouvons apercevoir d’étonnants treillis soutenus sur un bon mètre de hauteur dans un petit espace clairsemé de la forêt. Ils sont là ! Une fois agenouillés, nous distinguons que la forme de la feuille de la jeune pousse protégée est clairement celle d’un chêne. « Pour l’instant, nous avons identifié entre trente et quarante pousses sur cinq sites sur l’ensemble du Vallon et même une aux Verrières, à une altitude où nous pensions cela impossible », explique Alix Mercier, ingénieur forestier du Service des forêts du Val-de-Travers.
À l’automne dernier, ce dernier et son service entreprenaient, en collaboration avec le Cercle scolaire du Val-de-Travers et les classes de 7e et 8e années, une récolte de glands dans deux forêts du bas du canton, afin de les disposer à divers endroits forestiers du Vallon. L’objectif était que le geai des chênes, oiseau endémique au Val-de-Travers, vienne se « servir » et dissimuler dans la terre, pour sa réserve de provisions d’hiver, les glands. Comme le volatile change de régime alimentaire au printemps, nombre de glands sont oubliés et ont ainsi une chance de germer. « En trois semaines, les bacs de glands étaient vides. Les geais se sont rués dessus », relève le forestier, en notant qu’une heure après la dépose des glands et la pose des caméras, des oiseaux étaient déjà sur place.
« Une belle réussite »
Un an après la première phase de ce projet nommé ReGEAInération, visant à implanter le chêne dans les forêts du Val-de-Travers afin de diversifier leurs essences et les rendre plus résilientes face au changement climatique, le résultat dépasse les attentes du Service des forêts.
« C’est une belle réussite et une grosse surprise de trouver autant de jeunes pousses », relève Alix Mercier, en rappelant que son service peut encore en découvrir lorsqu’il arpente les bois du Vallon. Pour la plupart, ces pousses se situent à proximité des endroits où les cagettes de glands avaient été disposées, mais d’autres sont à plusieurs dizaines de mètres ou plus. « Certains oiseaux ont enfoui leur nourriture tout proche, d’autres ont plus rayonné », sourit-il, ravi du succès de cette démarche « naturelle, efficiente et efficace ».
Pour l’heure, les jeunes pousses de chênes ont été protégées par des treillis par les services forestiers, à l’exception de certaines uniquement signalées par des marques de couleur. « Il s’agit d’observer si protéger ces pousses contre les animaux, comme les chevreuils, est nécessaire ou non », détaille l’ingénieur forestier. Surtout, dans les années à venir, il faudra donner à ces pousses de chênes les capacités de se développer.
Pour le forestier, sur la dizaine de pousses qu’il nous expose dans un espace de 15 mètres, une ou deux grandiront. « Place et lumière seront à intégrer dans la gestion forestière », précise-t-il, en soulignant qu’il faudra, au futur, faire cohabiter harmonieusement l’essence dans cette « forêt jardinée ». Néanmoins, le forestier avoue qu’il ne verra jamais l’aboutissement, un chêne ne poussant que de quelques dizaines de centimètres par an. « Mais c’est le projet d’une carrière », estime Alix Mercier.
Projet à poursuivre ?
Entité grandement participante pour la récolte des glands en septembre 2024, les classes du Cercle scolaire n’ont pas été oubliées. Grâce aux photos et vidéos prises à côté des cagettes, un retour instructif sur l’activité de la faune a pu être fait aux enseignants et aux élèves. « Il y a des passereaux et des écureuils qui se sont aussi intéressés aux glands », rigole Alix Mercier. Actuellement, le Service des forêts discute avec l’École Jean-Jacques Rousseau de la meilleure manière de donner suite à cette collaboration, autour de ces jeunes pousses de chênes. « Collaboration magnifique », tient-il à relever.
Quoi qu’il en soit, l’opération ReGEAInération n’a pas eu lieu cet automne. « Nous avons besoin de recul sur l’année dernière pour analyser les résultats et les chênes n’ont pas de glandée régulière d’une année à l’autre. 2024 était une année très forte », détaille l’ingénieur forestier, en soulignant que le bilan est encore à l’étude et que d’autres pousses pourraient être trouvées. « Mes collègues savent qu’il faut qu’ils regardent leurs pieds en forêt », plaisante-t-il. Mais n’est-ce pas comme cela qu’un forestier du service a signalé à Alix Mercier la présence d’une pousse de chêne ? « Lorsque l’on m’a rapporté cela, je me suis dit qu’il fallait chercher », relate-t-il. Et ils ont trouvé.
Gabriel Risold