Terroir
Le « meilleur fromage du monde » vient de La Côte-aux-Fées
Lors du Mondial du fromage à Tours, il y a deux semaines, la fromagerie de La Côte-aux-Fées et Simon Miguet recevaient la distinction du meilleur fromage du monde pour leur Gruyère AOP Vieux. Face à ce prix, le fromager est honoré, mais veut rester humble surtout avec l’engouement médiatique qui entoure cette nomination.
Depuis deux semaines, Simon Miguet vit une course folle et ses journées se déroulent à cent à l’heure. La raison est que son fromage, un Gruyère AOP Vieux d’un peu plus de 12 mois, a été couronné d’une médaille d’or au Mondial du fromage de Tours, qui se déroulait du 14 au 16 septembre dernier, et qu’il a surtout été consacré meilleur fromage du monde. « Ce fut un peu une surprise. Certes on savait qu’on faisait un bon gruyère, de par nos résultats à la taxation de l’interprofession, mais là », explique Simon Miguet, presque encore étonné.
Ce qui décontenance le plus le fromager est l’engouement médiatique depuis cette annonce. « Après celle-ci, j’ai fini ma journée comme d’habitude et j’ai commencé à recevoir des téléphones », évoque-t-il, un peu déboussolé.
Télévision et radio romande, médias cantonaux et régionaux et autres l’ont contacté pour des interviews et des entretiens. « Je reçois aussi des mails des quatre coins du monde », note Simon Miguet, étonné. Le fromager, établi à La Côte-aux-Fées depuis deux ans et demi, a même reçu la visite de l’influenceur du monde du fromage du moment, Claude Luisier, un affineur valaisan très actif et vu sur les réseaux sociaux. « Un beau moment d’échange avec un vrai passionné du fromage », raconte-t-il, alors qu’il ne le connaissait pas précédemment.
Plus largement, Simon Miguet constate que, depuis le prix, il y a un peu plus de personnes le week-end au magasin et des personnes extérieures à la région.
La récompense de toute une filière
Néanmoins, le fromager, fils d’agriculteurs, conserve un certain bon sens terrien face à cette distinction. « Je prends cela avec un peu de recul car il est difficile de comparer des styles différents de fromages », explique Simon Miguet en relativisant quelque peu la possibilité d’élire un « meilleur » fromage parmi tous les types présentés. Il préfère relever que son métier est fait d’humilité. « Nous travaillons avec du lait cru, avec du vivant, qui varie avec les températures et les saisons. Il faut s’adapter à cela tous les jours. Donc, cela récompense un travail du quotidien, de 365 jours par an », détaille-t-il, en soulignant que cette distinction met en exergue toute une filière.
Les premiers acteurs en sont les agriculteurs, neuf pour la fromagerie de La Côte-aux-Fées, produisant un lait, matière première, de grande qualité, jusqu’aux affineurs, Margot fromages à Yverdon, chez qui arrivent les meules après trois mois. « Ce prix met en valeur aussi toute la filière du gruyère AOP qui permet des grands fromages », estime Simon Miguet, qui relève également que d’autres fromageries du Vallon se sont distinguées pour leur gruyère. « Peut-être que nous avons un terroir pour du fromage et un gruyère d’exception », sourit le fromager qui avant son arrivée dans la commune et au sein de la société de la fromagerie n’avait jamais produit de gruyère.
Plusieurs médailles à Tours
En effet, ce Haut-Savoyard d’origine a passé six ans en Valais, auprès de petits producteurs de fromages, avant de revenir en Haute-Savoie. Mais, à la tête d’une grande fromagerie et astreint aux tâches bureaucratiques et de gestion, il décide de chercher à devenir fromager indépendant. « Je voulais toucher, faire et produire moi-même », relate-t-il. Et il y a deux ans et demi sa postulation est retenue pour reprendre la fromagerie de La Côte-aux-Fées. « Très bien accueilli dans la commune », comme il le dit, Simon Miguet est heureux de défendre un patrimoine et une filière par son activité.
D’ailleurs, le « meilleur fromage du monde » et médaille d’or n’est pas le seul à s’être distingué lors du concours de Tours. Le Gruyère AOP 6-12 mois a obtenu une médaille de bronze et le Val-des-Fées aux herbes une médaille d’argent. « Ce fromage est un peu un essai, c’était une première fabrication », précise Simon Miguet, ravi qu’un produit sans appellation ait pu plaire au jury. « Faire des fromages qui plaisent aux gens, c’est cela le plus important », note-t-il. Le fromager conclut que cette distinction, « qui n’arrive qu’une fois dans une vie », tombe à point nommé. Cette année, la société de la fromagerie fête ses quarante ans et l’année prochaine la commune de La Côte-aux-Fées célébrera ses deux cents ans. « Plutôt une bonne publicité », sourit Simon Miguet dont le fromage à raclette sera présent au Championnat du monde de la raclette à Morgins fin octobre. Une autre future bonne pub ?
Gabriel Risold