75 ans du moto-club Les Bayards et environs
Une dangereuse vie d’équilibriste
Jean-Bernard Egger a aujourd’hui 71 ans. En plusieurs mandats, il a cumulé une trentaine d’années de présidence du moto-club Les Bayards et environs. Ce club fête ses 75 ans cette année. « On n’était pas le premier mais on est le dernier encore en vie », relate-t-il fièrement. Comme un bon motard, le moto-club a parfois dû jouer à l’équilibriste pour ne pas disparaître. S’il n’est pas tombé, on ne peut pas en dire autant de ses membres. Le Vallonnier se souvient notamment de cabrioles mémorables. Il se souvient aussi de la leçon de vie qu’il a reçue de la part de la route en 1979. Il avait failli y laisser sa peau.
D’apparence, Jean-Bernard Egger n’a rien d’un fragile. Il a la carrure du motard et le côté baroudeur qui va avec. L’homme a aussi le cuir épais, comme il peut en témoigner. « J’ai commencé à rouler à deux-roues dès les années 1970. Je connaissais les risques mais je ne m’attendais pas à ce que j’ai vécu neuf ans plus tard », dit-il avec une voix encore marquée. En cause, une voiture qui lui coupe la route entre Couvet et Travers. Le choc fut tel que le véhicule a été coupé en deux…
Deux ans d’hôpital
« Une grosse partie de mon corps était paralysée et j’ai fait deux ans d’hôpital pour m’en remettre tant bien que mal. » Les médecins voulaient le « parquer » à l’assurance invalidité mais l’homme a refusé de s’y arrêter pour continuer à travailler comme dessinateur de plans aux CFF. L’esprit motard, avide de liberté sans doute. Sa passion des motos, il la partage depuis des décennies au sein du club des Bayards et des environs. Celui-ci est né en 1949 de la scission de quelques membres avec le « Cyclophile Fleurier ». Le premier président fut Aimé Cochand des… Verrières.
Le temps des courses de tourisme
« La camaraderie, l’amitié et le tourisme ont été les moteurs depuis le début. Nous, on s’inscrit toujours dans cette philosophie aujourd’hui. » Le club a compté jusqu’à 75 sympathisants dans les années 1970. Ils sont encore une grosse quarantaine aujourd’hui. Le premier licencié des courses de tourisme (rallye FMI) a été Henri Wenger en 1949. « Le concept est de découvrir différents pays à moto. Cela a une portée internationale. Chaque année, on compte le nombre de kilomètres total parcourus par les motards d’un même pays pour arriver jusqu’au lieu de rassemblement. Celui qui a le plus grand total est le grand gagnant. »
Champions suisses vallonniers
Le club des Bayards passera deux fois proche de l’extinction. En 1963 et en 2020. En 1963, le club a su prendre un nouveau virage en axant ses activités sur les compétitions. Les pilotes du Vallon se sont montrés excellents, comme le confirment plusieurs titres nationaux. Certains ont même participé à des championnats d’Europe. Le premier champion suisse du moto-club a été Jean-Dany Leuba en 1986. Avant lui, Jacques Grandjean avait déjà participé à des grand prix. « Parmi les autres faits marquants, on peut aussi citer les 58 ans de ‹ side-car commun › partagés par le couple Gisèle et Paul Pellaton. Je me rappelle également de la course au litre qui avait lieu à Fleurier. Le but était de couvrir le plus de distance possible avec un seul litre dans le moteur. » Les motards avaient-ils la fibre écologique précurseure ?
Le motocross de Saint-Sulpice
Le club a également fourni une précieuse aide lors du motocross de Saint-Sulpice, organisé à l’époque par le « Donald Club ». Aujourd’hui, les activités se sont recentrées sur le tourisme avec une dizaine de « sorties plaisir » par année. « Le défi consiste à attirer des forces vives car les ‹ moteurs › de nos membres se font vieillissants », se marre celui qui a gagné deux fois le championnat moto-tourisme (2006 et 2007). « Cela consiste à visiter différents sites en Suisse et à l’étranger. Chaque déplacement donne un certain nombre de points. Forcément, celui qui en a le plus à la fin de l’année est déclaré vainqueur. » Jean-Bernard Egger et son cuir épais en avait emmagasiné près de 30’000 en 2006. C’est bien connu, plus un équilibriste à d’heures de vol, plus il maîtrise son sujet. À ce titre, JB Egger peut être considéré comme un maître en matière goudronnée…
Kevin Vaucher