40 tonnes vers l’Ukraine
Cette dose de rappel fait du bien !
Le 24 décembre, cela fera dix mois que l’invasion russe a débuté en Ukraine. La solidarité générale et l’émoi des premiers mois ont peu à peu laissé la place à une forme d’indifférence ou à une certaine routine. Ce n’est pas un jugement mais un constat. Pourtant, ici comme là-bas, le froid s’est installé. Hélas, tout le monde n’est pas égal quand il s’agit de se réchauffer. Une poignée de Vallonniers, regroupés derrière l’incontournable Pierre Aubert, ont décidé d’agir pour envoyer des habits chauds et du matériel à la population ukrainienne. Six points de collecte ont été ouverts au Val-de-Travers.
Une petite dose de rappel pour la route ? Pas d’inquiétude, il ne vous arrivera rien si vous ne la faites pas. Et dans le cas contraire, vous participerez à faire passer un hiver un peu plus « confortable » (le mot est mal choisi) à la population ukrainienne. Déjà à la manœuvre pour faciliter l’accueil des réfugiés ukrainiens au Val-de-Travers, Pierre Aubert a remis ça ! Entouré de Frédy Bigler, Daniel Racheter, Richard Wilson et Davide Ida, il a annoncé l’ouverture immédiate de six points de collecte dans six villages du Val-de-Travers. Vous avez toutes les infos utiles dans le Courrier de la semaine passée.
Le choix du 40 tonnes
Des sacs de couchage, des habits chauds, des couvertures, des chaussures, des bonnets et des réchauds à gaz sont prioritairement recherchés. Tout ce qui est collecté au Vallon est ensuite dirigé sur le Littoral où l’association « Soutien à l’Ukraine – Neuchâtel » s’occupe de l’acheminement sur place. « Cette structure est déjà parfaitement en place donc nous ne voulions pas en créer une nouvelle. Le fait de tout rassembler à Perreux permet ensuite d’acheminer les dons dans un gros camion de 40 tonnes. C’est trois fois et demie le coût d’un bus (environ 3000 francs le voyage) mais l’avantage est de pouvoir aider un maximum de gens sur place », précise Pierre Aubert.
1600 kilomètres, simple course
Lorsque le conflit a éclaté, fin février, l’association, fondée par Davide Ida, avait déjà effectué une bonne dizaine de trajets jusqu’en Ukraine. Mais tout se faisait par bus à ce moment-là. Le fait de centraliser les dons récoltés aux quatre coins du canton permet désormais de voir plus grand. Pour ça, il faudra encore que la générosité des Neuchâtelois se confirme. Car c’est uniquement lorsque le 40 tonnes est plein qu’il part en direction d’un village ukrainien appelé Oujhorod. « Niveau distance, c’est 1600 kilomètres, simple course. Et une fois arrivé sur place, des relais locaux entrent en scène pour les distribuer à travers différentes villes du pays ».
Un réseau à l’abri des mafias
Ce réseau humanitaire est parfaitement sûr et parfaitement rodé. En Ukraine, il est constitué par des proches et des connaissances de l’association. « Cela permet de connaître en temps réel les besoins concrets de la population et surtout d’être certains que l’aide arrive effectivement dans les mains de ceux qui en ont besoin. » C’est un facteur primordial car certaines expériences passées ont démontré que des mafias locales n’hésitaient pas à piller les convois humanitaires afin de revendre la marchandise à leur compte. Cela a notamment été le cas en Roumanie et dans des pays d’Afrique.
L’état de mort clinique qui réveille les consciences
La genèse de cette action a été rapide mais réfléchie. « Une lettre ouverte de Richard Wilson m’a interpellé une première fois. Il demandait quelle institution du Vallon allait prendre l’initiative de récolter des habits chauds et de la literie dont nous disposons si abondamment en Suisse. Puis, j’ai vu dans la presse locale que Davide Ida affirmait que l’association Soutien à l’Ukraine – Neuchâtel était en état de mort clinique. J’ai donc décidé de l’appeler pour voir comment nous pouvions l’aider à partir du Val-de-Travers. » Le groupe UAVdT (Ukraine – Val-de-Travers) est né à la suite d’une première rencontre le 29 novembre.
Information relayée en direct à la radio
Le 7 décembre, un premier bus et une remorque de dons, récoltés grâce au bouche-à-oreille, étaient déjà envoyés vers Perreux. Le 8 décembre, un premier article est sorti dans nos colonnes. Le lendemain matin, j’en parlais à la radio RTN afin de faire circuler un maximum l’information. L’hiver n’attend pas, il frappe là où il peut frapper. Si vous ne pouvez pas vous déplacer vers l’un des six centres de collecte du Vallon, des volontaires passeront les chercher à votre convenance. Tous les contacts sont à retrouver dans le Courrier de la semaine passée. Cette fois, il ne s’agit pas de tendre le bras pour la piqûre de rappel mais de tendre la main. On est pas sûr que ça ira mieux demain mais on est au moins certain que ça fera du bien.
Kevin Vaucher