130 estomacs teintés de jaune et de bleu

« L’Ukraine est à nos portes, notre devoir est de prendre nos responsabilités. Nous avons le cœur tourné vers nos amis ukrainiens car ils ont besoin de nous. Mais les aider, c’est aussi une façon de faire front pour défendre nos démocraties occidentales. » Le citoyen d’honneur du Val-de-Travers Pierre Aubert a prononcé des mots sobres mais efficaces pour mettre l’assemblée en appétit. Avant lui, c’est en chansons que les 130 personnes présentes s’étaient installées à table. Sur scène, six chanteuses et chanteurs du pays ont entonné plusieurs chants avec conviction et émotions.

25 membres dans l’association

Pendant ce temps, en cuisine, une bonne quinzaine de cuisinières, toutes réfugiées dans le canton de Neuchâtel, continuaient à s’activer pour mettre les petits plats dans les grands (salade Olivier, escalope de Kyiv,…). Un labeur qu’elles avaient commencé un jour plus tôt, au vu de la quantité de repas à servir le jour J. « Elles ont tellement envie de bien faire qu’elles ont été très généreuses dans les portions. On dormira bien ce soir », rigolait Daniel Racheter, l’un des huit membres du comité de « Soutien à l’Ukraine – Val-de-Travers ». Cette association se veut complémentaire mais autonome dans sa façon de faire par rapport à sa grande sœur de Neuchâtel. Elle a été créée il y a quelques mois et compte environ 25 membres aujourd’hui.

Avec la participation de la commune

Ainsi, en début d’année, c’est au sein d’un même camion de 15 tonnes que du matériel a été envoyé en Ukraine pour aider la population. Deux tiers des dons provenaient du Val-de-Travers. Au micro, c’est désormais le président de commune de Val-de-
Travers Frédéric Mairy qui prend
la parole. Il souligne que les autorités tentent d’accompagner au mieux les actions de soutien qui s’organisent. C’est notamment le cas pour ce repas de soutien puisqu’elles ont mis la salle à disposition gratuitement. Tous les bénéfices du jour seront donc intégralement investis dans de futurs projets solidaires en faveur de l’Ukraine (chaque participant a déboursé 40 francs pour passer à table).

Centre d’accueil de Couvet : séance d’info le 16 mai

Frédéric Mairy a également rappelé qu’un nouveau défi s’avançait devant nous avec l’accueil de mineurs non accompagnés (7 à 18 ans) dans le centre de requérants de Couvet. La majorité viennent d’Afghanistan. « C’est relativement nouveau d’accueillir ce type de réfugiés dans notre région. Nous avons donc décidé d’organiser une séance d’information en collaboration avec le Service de l’immigration. » Cela se passera dans cette même salle de Couvet, le 16 mai prochain. Une salle qui salive désormais sur des assiettes de borchtch. Je traduis : une soupe de légume de couleur rouge-orange, tout à fait appétissante (et ma fois plutôt appréciable). Les réfugiées ukrainiennes se font un point d’honneur à venir servir les convives.

« Mes parents de Suisse »

Depuis tous ces mois, des liens se sont créés entre les « accueillies » et les « accueillants ». Olga me confie d’ailleurs qu’elle appelle le couple Racheter ses « parents de Suisse ». Les yeux humides, Daniel Racheter n’en perd pas pour autant ses futurs objectifs du regard : « Notre association a besoin de fonds pour mettre sur pied de nouvelles opérations de soutien. Nous avons le gros avantage d’avoir un accès direct de la situation, à travers les familles des réfugiées restées sur place. » Les besoins sont donc rapidement identifiés et adaptés au fil des mois. Quand le jaune et le blanc ukrainiens se mélangent aux étoiles jaunes et au bleues des armoiries de Val-de-Travers, les cultures se mélangent, les estomacs se teintent et les esprits se grandissent ! On ne peut qu’espérer que le bon mélange sera aussi trouvé avec d’autres couleurs.

Kevin Vaucher