LNA
Valtra n’abdiquera pas !
Nous ne vous apprendrons rien si lʼon vous dit que le VBC Valtra vit une nouvelle saison éprouvante, contraint de se battre avec Lugano et Toggenburg pour accrocher la dernière place pour les play-off. Le gruppetto de LNA féminine navigue loin des autres équipes de la catégorie. Bien que « difficiles », ces moments sont nécessaires dans le processus qui doit installer Valtra durablement dans lʼélite du volley helvétique. On fait le point avec la présidente Joëlle Roy.
Mis à part un premier coup dʼéclat contre Guin mi-octobre puis les deux succès quʼil fallait contre ses deux adversaires directs (Lugano et Toggenburg), Valtra doit apprendre… à apprendre dans la défaite cette saison. La promotion en LNA féminine en 2019 avait du même coup enclenché un long et exigeant cheminement vers la stabilisation des fées du volley dans lʼélite.
Sʼinstaller et briller tout en haut de la hiérarchie prend du temps et coûte très cher,
pose Joëlle Roy.
Éviter de faire le yo-yo
Le passé donne raison à la présidente vallonnière puisque les récents promus ont eu besoin de temps pour digérer le saut dʼun étage supplémentaire. Une équipe comme Cheseaux a eu besoin dʼune dizaine dʼannées avant de quitter la queue du classement pendant que dʼautres comme Genève ont longtemps fait le yo-yo entre la LNB et la LNA.
Tout est question dʼéquilibre. Il faut avoir un peu de chance et il faut surtout abattre un immense travail tout au long de lʼannée. Cʼest un processus qui ne sʼarrête jamais pour ne pas perdre les bénéfices tirés des efforts fournis les années précédentes.
Aucune saison sans Covid
100% bénévole, le comité de Valtra doit en plus lutter contre les conséquences sportives et financières du Covid au moment le plus important : celui qui consiste à se maintenir dans cette catégorie de jeu avant de songer à grandir. Jusquʼà présent, Valtra nʼa ainsi jamais connu une saison de LNA sans Covid. Ce qui constitue forcément un frein non négligeable. On lʼa déjà dit mais on ne peut que saluer lʼinvestissement personnel du couple présidentiel Joëlle et Hervé Roy ainsi que celui des autres bénévoles du club dans ce combat permanent en direction de lʼexcellence. Sur ce long sentier escamoté, il faut aussi faire avec les imprévus. Cette saison, le départ surprise dʼune joueuse en cours de saison nʼa pas facilité la tâche des dirigeants.
Départ surprise fragilisant
Dans lʼéquilibre fragile dʼune équipe, chaque petit accroc a des conséquences.
Alors forcément, lorsquʼune joueuse prévient le club 24 heures seulement avant son départ, le vestiaire déjà fragilisé par les défaites perd facilement pied. Mais passons.
Le plus compliqué réside dans le fait que le marché est à sec et il est pratiquement impossible de faire venir des joueuses américaines à cause du Covid par exemple. Du moins avec notre budget dʼenviron 200ʼ000 francs.
Soit bien inférieur par rapport à ceux des cadors du championnat.
Le filon de la formation
Dans ce domaine aussi, la route est longue. Et pourtant elle est importante pour garder au moins un club du Vallon dans la meilleure ligue du pays. Plus le soutien financier des partenaires locaux sera fort, plus la formation qui pourra être alignée sera compétitive. Et plus les victoires seront au rendez-vous, ainsi va le cercle vertueux vers la gloire. à défaut de pouvoir attirer les meilleures Suissesses dans ses rangs, le club le mieux coté du Val-de-Travers en termes de niveau mise sur la formation.
Le réservoir des joueuses helvétiques capables de jouer dans lʼélite est petit et il sʼest encore raffermi puisque certaines ont arrêté leur carrière à cause des conséquences du coronavirus. Le choix de faire de la formation est donc pertinent.
Le cas « à part » des locales
Pertinent oui mais il a aussi ses propres limites ! Ainsi, une joueuse comme Solenn Fabien (23 ans) doit composer avec ses études alors que Lejla Kurtaliqi (33 ans) travaille en parallèle au volley. Ce qui les empêche de sʼentraîner deux fois par jour comme le font les professionnelles du club comme Blanca Izquierdo ou Daria Butkevich.
Ce compromis nous est de toute façon imposé puisque nous ne pouvons pas rémunérer nos Suissesses autant que nos pros. On est bien conscient que cela crée deux « groupes de niveau » mais cʼest notre réalité.
Le périlleux grand écart
Un écart qui se ressent souvent sur le terrain. Imaginez quʼune joueuse comme Kurtaliqi évoluait en 3e ligue auparavant alors que dʼautres viennent de championnats féminins étrangers prestigieux. Cʼest actuellement lʼun des gros nœuds des problèmes de Valtra.
Du coup, lorsquʼune excellente réceptionneuse comme Marina Tushova quitte le club, ça se ressent fortement dans le jeu de lʼéquipe. En volley, tout part de la réception. Sans réception, il nʼy a rien.
Lʼune des solutions futures passera peut-être par le pôle performance du club. Silence, ça pousse !
Kevin Vaucher