Volleyball
Dans la tête de Valtra (2)
Alors qu’il reste trois parties avant la fin du championnat et que Valtra est à la bagarre pour une place en play-off, le Courrier va suivre de l’intérieur ce « sprint final » sportif et mental. La semaine passée, vous avez découvert la première partie de notre entretien avec Michèle Gauthey. La sophrologue et coach mental est un des atouts du staff du VBC Val-de-Travers cette saison. Dans ce domaine, depuis plus de 25 ans, elle est intervenue pour débloquer différentes situations impliquant des sportifs, des privés ou des entreprises. Trouver des solutions aux blocages des autres est le moteur de sa vie professionnelle. Alors, comment vont les têtes dans le vestiaire vallonnier ?
Avant de répondre à cette question actuelle, Michèle Gauthey nous explique comment elle est arrivée au Val-de-Travers.
C’est venu un peu par hasard je dois dire. La saison dernière, je suis tombée dans la presse, sur la réaction d’une joueuse qui affirmait que le problème de l’équipe était surtout mental. J’ai donc proposé mon aide à la présidente Joëlle Roy.
La venue de l’experte au Val-de-Travers avait coïncidé avec un regain de forme au niveau des résultats et elle a donc poursuivi son travail cette saison.
Avec les joueuses, j’ai insisté sur les notions de responsabilités et de passion. Pourquoi font-elles du volley, pourquoi elles ont accepté de porter le maillot de Valtra ? Et qu’est-ce que leurs choix impliquent aujourd’hui ?
Pour répondre à ce type d’interrogations, chaque fille – sauf les étrangères ne parlant pas le français – ont répondu à un questionnaire en début de saison afin de déterminer leur profil mental.
De la performance à la panique !
Cela m’a donné l’état des lieux mental de chaque joueuse me permettant de mettre en place des exercices pour l’améliorer. L’idée générale est de les faire sortir des mauvaises zones que sont celles de panique et de routine pour les faire aller vers la zone de performance via les bonnes zones que constituent celles de défi et de maîtrise.
Vous ne comprenez pas tout ? C’est normal ! Pour être en mesure d’enseigner le coaching mental, l’experte s’est formée durant de longues années et elle s’appuie notamment sur des schémas explicatifs bien rodés pour imager au mieux ses conseils.
Avant d’ouvrir sa structure « Objectifs4c » (4c pour calme, confiance, concentration et combativité), Michèle Gauthey était dans l’éducation spécialisée. Toute sa vie professionnelle durant, elle a voulu aider les gens à trouver des solutions pour eux-mêmes et par eux-mêmes.
Je leur donne des clés et à eux de trouver comment les utiliser dans leurs propres « serrures ». Une fois qu’ils ont compris que c’est eux qui contrôlent leur cerveau alors c’est déjà un bon début.
Avant de devenir l’une des trois expertes de la méthode Target en Suisse, elle s’est formée à la sophrologie et elle est agréée ASCA (donc remboursée par les assurances maladie).
Ne pas oublier le plaisir !
Elle s’est aussi intéressée de près à la programmation neuro-linguistique (PNL), une méthode de visualisation et de représentation mentale du succès.
Ceux qui ont créé la PNL ont modélisé l’excellence. Ils ont analysé les comportements de personnes qui réussissaient dans leur secteur d’activité pour que chacun puisse se les approprier.
La méthode Target a repris des éléments de la sophrologie et de la PNL pour bâtir son modèle de performance mentale.
Le but est d’atteindre la zone de fluidité performance et bien-être. C’est logique puisqu’avoir du mental c’est viser la performance et le bien-être. C’est souvent oublié mais le plaisir fait partie intégrante d’une stratégie mentale vers le succès. Tout comme l’énergie par exemple. Je dois rendre mon corps disponible à la performance donc je dois toujours veiller à bien récupérer toutes mes facultés. La gestion des émotions est aussi primordiale, ce qui englobe naturellement la résistance au stress et à la pression.
Autant d’éléments qui participent à l’équilibre fragile vers les conditions optimales de la performance.
Le tournant tombe avant même le coup d’envoi
Comme nous le révélions la semaine dernière, le VBC Valtra semblait avoir trouvé cet équilibre durant la préparation de cette saison 2021/22. Mais un imprévu est venu tout changer :
Lors du tournoi d’avant-saison à Istres, j’avais insisté sur le concept de responsabilité auprès des joueuses. Chacune l’avait rapidement intégré et avait trouvé sa place au sein du groupe. Tout allait bien jusqu’à la blessure de Marina Tushova. C’était un élément central dans le six de base de l’équipe car elle faisait le pivot entre l’attaque et la réception. Beaucoup de choses tournaient autour d’elle sur le terrain. En perdant ce repère, les joueuses ont quitté la zone performance – sans jamais réussir à y revenir – pour entrer en zone de panique.
Cela pourrait expliquer la relative désorganisation aperçue en début de championnat dans les rangs vallonniers. La joueuse russe était ensuite revenue au jeu quelques matches avant de quitter brusquement et définitivement le club.
Encore une fois, cela a inévitablement court-circuité ce qui avait été construit collectivement jusque-là.
La semaine prochaine, Michèle Gauthey expliquera comment un nouvel équilibre a dû se créer et dans quelles dispositions les joueuses abordent les derniers matches où tout va se jouer. Il n’y a plus le choix, ce sera « gagner ou sombrer » ! Alors que le verdict final approche, Valtra a perdu ces derniers jours sa huitième place – et donc sa place qualificative pour les séries finales – au profit de Lugano.
Kevin Vaucher