Église de Môtiers
« Vieille dame » à la splendeur retrouvée
Le week-end du Jeûne fédéral marquait l’inauguration de l’église de Môtiers restaurée. Les festivités débutaient le vendredi après-midi avec une cérémonie officielle en présence, notamment, du conseiller d’état, Alain Ribaux, avant des portes ouvertes le samedi et un culte de fête, le dimanche.
Vendredi dernier, c’est au son des cloches qu’ont été accueillis les nombreux invités, autorités politiques et ecclésiastiques, donateurs et maîtres d’œuvre du chantier, pour la cérémonie officielle de l’inauguration de l’église de Môtiers restaurée. Sur le parvis de l’édifice, Jean-Samuel Bucher, président de l’association pour sa restauration, a le sourire, même s’il s’en est fallu de peu que tout ne soit pas prêt à temps, les derniers échafaudages n’ayant été retirés que le jour précédent. à l’intérieur, les murs blancs, les colonnes rose pâle, le plafond de bois, sont nimbés d’une belle clarté lumineuse qui met parfaitement en valeur les vitraux. Seule la température indique que le chauffage « vert » et éco-responsable doit encore être installé.
Pour débuter la cérémonie, Jean-Samuel Bucher a proposé, « pour parler français », un « défilé d’images » qui a retracé les multiples étapes de cet immense chantier débuté fin 2020, début 2021. « Que dire de plus », s’est-il exclamé après la projection. Le président de l’association a tenu à remercier l’ensemble des acteurs qui a permis cette « œuvre d’importance pour un édifice particulier » : les « artisans de toutes sortes » et les entreprises pour « leurs savoir-être et savoir-faire », la Confédération, le Canton, la commune, les donateurs, les paroisses et églises « de tous bords », les fondations et enfin le comité de l’association, en soulignant des « réunions de chantier bienveillantes, amicales et efficaces ». L’ancien diacre a estimé que cette restauration pouvait être « un signe de vie, d’espoir et d’avenir ». « Face aux duretés actuelles, dans ce travail si bien accompli, je vois au fond un acte de résistance. La beauté aide à vivre », a-t-il déclaré, avant de conclure par un « ainsi soit-il » et d’inviter l’assemblée à se lever pour chanter le cantique suisse. Ceci afin de « tester l’acoustique » chère à l’organiste.
Respect des bâtisseurs
Puis, Jeanne Cand Stirnemann, directrice associée du bureau d’architecte Pascal Stirnemann, a exposé les défis de ce chantier qui fut « un challenge ». Une restauration qui a usé de « techniques d’antan », transmises « de génération en génération » et qui s’est voulue « fidèle à l’esprit des bâtisseurs ». Particulièrement, elle a tenu à souligner le travail des tailleurs de pierre, présents, et leurs gestes datant « du Moyen âge ». Enfin, Jeanne Cand Stirnemann a avoué son « honneur » d’avoir contribué à la restauration d’un bâtiment « plus que millénaire » et d’avoir contribué à « la mise en valeur du travail de ceux qui nous ont précédés ».
Le conseiller communal en charge des infrastructures, Yves Fatton, affichait « une fierté non dissimulée » à accueillir ce parterre d’invités dans « ce joyau qu’est l’église de Môtiers ». Celui qui est également le vice-président de l’association pour la restauration a rappelé que les premières discussions pour restaurer « notre vieille dame » remontaient à 2014 et qu’en janvier 2018, l’association s’était constituée pour trouver les financements nécessaires. Récolte qui a abouti avec un quart de financement de l’Office fédéral de la culture, mais également avec le soutien du législatif de Val-de-Travers.
Une jeune commune consciente de son patrimoine et de la nécessité de le préserver ,
a conclu Yves Fatton.
« Fleuron » cantonal
Représentant de l’église réformée évangélique du canton (EREN), David Allisson a salué le travail des artisans et des ouvriers, qui ont passé plus de temps en ces murs pendant deux ans que lui-même, et qui ont « marqué ce lieu ».
Cette église, c’est aussi la vôtre,
a-t-il avoué, en affirmant le souhait de la paroisse d’une église ouverte et accueillante à tous. Ultime orateur de la cérémonie, le conseiller d’état en charge de la culture, Alain Ribaux, a souligné l’importance de cette journée.
Ce n’est pas tous les jours que l’on inaugure une église restaurée,
a-t-il débuté, avant de rappeler le « coup double » de cette année 2022, avec la restauration des « deux fleurons du canton » la Collégiale de Neuchâtel et l’église de Môtiers.
Le conseiller d’état a dressé un rapide historique de l’édifice et du prieuré Saint-Pierre, dont les recherches de l’Office du patrimoine et d’archéologie (OPAN) ont fait remonter les origines au 6e siècle, soit parmi les premières traces monastiques de l’Arc jurassien. Un rappel historique qui selon Alain Ribaux « montre le grand intérêt patrimonial de l’église de Môtiers ». Une valeur d’un édifice « à la splendeur retrouvée pleinement justifiée » par le soutien accordé par la Confédération.
L’église de Môtiers est prête à continuer d’affronter sereinement les siècles,
a terminé le conseiller d’état sous les applaudissements. La « vieille dame » restaurée méritait bien tant d’éloges.
Beau succès pour les portes ouvertes
Les portes ouvertes du samedi matin avec des visites guidées conduites par le conservateur cantonal, Jacques Bujard, ont connu une belle affluence. Les trois horaires proposés ont attiré chacun une cinquantaine de personnes. Pour le culte de fête du dimanche, « l’église était relativement pleine », estime Jean-Samuel Bucher. L’organiste a joué durant l’office et confirme que désormais l’acoustique est à la hauteur de l’histoire de l’édifice et de sa nouvelle beauté.