3e Ligue
Privé de dessert ?
Comme depuis (trop) longtemps, le sport amateur sʼinterroge. Impuissant, car écarté de tout rôle dans le processus décisionnel, il attend de savoir s’il pourra ressortir définitivement un jour des parenthèses dans lesquelles il est régulièrement mis depuis deux ans. Ainsi, le FUCk ne savait pas sʼil allait pouvoir reprendre le championnat avant que la décision ne tombe enfin hier. Ça va pouvoir repartir ! Mais jusqu’à quand cela tiendra-t-il et peut-on indéfiniment priver de dessert un club comme ça en un claquement de doigts sans qu’il n’ait fauté ?
Car oui, cʼest bel et bien le paradoxe de la situation : le FUCk (Fleurier Unihockey Club klub) se retrouve régulièrement privé de jeu et donc puni pour une bêtise quʼil nʼa pas commise. Au même titre que les autres clubs amateurs du pays, on lui a flanqué le bonnet dʼâne sur la tête et on lʼa envoyé au coin sans autre explication que le mot devenu roi depuis deux ans : Covid !
Demander des comptes
Il serait temps de sanctionner les bonnes personnes ou du moins de ne pas condamner des gens et des groupements de personnes qui nʼy sont pour rien. Diantre, jʼai parlé de groupements de personnes mais est-ce encore autorisé aujourdʼhui ? On ne le sait plus bien ou que trop bien, cʼest selon. Le manque de solutions politiques ne doit pas aboutir à la brimade des associations sportives et plus généralement de la population. Non, jamais ! Par contre, pourquoi ne pas mettre au coin et demander des comptes à ceux qui prennent les décisions et qui sont incapables de nous sortir de cette situation depuis deux ans ? Peut-être est-il venu le temps de faire balles neuves chez ces « pensants » à court dʼidées… Oh oui, peut-être bien !
Les seringues sont vides
Car sur le terrain, les clubs tirent la langue, eux, et subissent mois après mois les charges sanitaires répétées de lʼÉtat. Avec ça, les ressources mentales et financières commencent à manquer dans bon nombre de sociétés sportives. Les seringues sont vides !
Une saison en troisième ligue coûte environ 5000 francs. Les cotisations de nos membres représentent 40% de notre budget. Le reste provient de nos sponsors et de nos matches à domicile,
détaille le capitaine du FUCk Mathieu Bigler.
Nos sponsors sont compréhensifs mais il va de soi quʼils attendent de pouvoir nous voir jouer au moins une fois à domicile par saison.
Titré à domicile le 27 mars ?
En unihockey, chaque club organise une seule journée de championnat par saison durant laquelle chaque équipe engagée dispute deux rencontres. Il nʼy a pas de play-off donc aucune possibilité pour les spectateurs dʼespérer voir jouer une seconde fois leurs joueurs favoris sur leurs terres.
Cette année, nous devons accueillir la dernière journée le 27 mars à espaceVal. Comme cʼest une de nos rares sources de revenu, on souhaite vivement pouvoir lʼorganiser.
À la suite de la reprise prévue du championnat mi-février – le club de unihockey de Fleurier jouera sa prochaine journée de championnat le 20 février –, cela devrait finalement pouvoir se faire. Et il nʼy a pas que le critère financier, il y a aussi lʼaspect sportif qui entre en jeu :
Lors de lʼarrêt de la saison, nous étions sur une série de sept matches sans défaite et nous étions remontés à la deuxième place du classement (à trois points seulement du leader). Il y a clairement moyen de jouer la gagne et nous pourrions même être en position dʼaller chercher le titre à domicile le 27 mars.
La chaîne de décisions
Le sort de la fin de saison du FUCk et celui de cet éventuel feu dʼartifice sportif final dépendent dʼune chaîne fragile de décisions.
Le championnat était suspendu jusquʼau 24 janvier. Jusqu’à il y a quelques heures, nous nʼavions aucune information sur une éventuelle date de reprise ni même sur une éventuelle date de décision. Au final, cʼest la ligue qui nous a annoncé la décision de reprendre le championnat. Mais je suppose quʼelle découle directement de celle de Swiss Olympic qui est elle-même liée à celle du Conseil fédéral.
Et les clubs, quand ont-ils leur mot à dire ? La ligue suisse de unihockey précise quʼun sondage a été envoyé aux équipes pour recueillir leurs avis quant à une éventuelle reprise des compétitions. Quel effort ! Honnête, la ligue précise toutefois que le redémarrage dépendait des décisions politiques. Comment dit-on, un coup dʼépée dans lʼeau ?
« Notre dernière cartouche »
En troisième ligue, nous ne jouons pas chaque week-end, ce qui rendait une reprise parfaitement possible. Ce sera donc chose faite même si nous avons manqué deux matches que nous ne rattraperons pas. Nous sommes quand même contents de pouvoir jouer un 3e titre en quatre ans.
Et ce, même si une promotion en deuxième ligue nʼest pas forcément souhaitée par Mathieu Bigler et ses coéquipiers. Quoi quʼil en soit, la priorité reste de jouer et il reste six rencontres jusqu’à la fin de saison… si tout va bien jusque-là !
Nous avons une situation financière saine grâce à lʼénorme soutien des entreprises régionales mais notre marge de manœuvre sʼest considérablement rétrécie. Nous pourrions amortir encore une seule saison blanche mais ce serait alors notre dernière cartouche,
prévient-il. Sa voix portera-t-elle suffisamment loin pour être entendue ?
Kevin Vaucher