Sous l’aile des Hirondelles
Cʼest un grand bâtiment qui regorge dʼhistoires personnelles pas toujours roses mais qui impose le respect par sa taille et son vécu. Lʼasile de Buttes, rien que son nom avait de quoi faire peur. Les patronesses de lʼépoque avaient la réputation dʼêtre dures avec les occupantes, exclusivement féminines jusquʼen 1942. Cinq ans plus tard, son nom fut changé pour devenir plus accueillant. « Les Hirondelles » étaient nées ! Aujourdʼhui, cʼest un nid plutôt douillet où les jeunes se succèdent principalement en camp de sport ou de vacances. Les patronesses ont disparu mais les souvenirs restent. éclairage.
Cet imposante bâtisse sʼérige au-dessus du collège de Buttes, depuis la rue Possena. Son aspect est tout à fait dans lʼair du temps. Il a été refait, tant à lʼintérieur quʼà lʼextérieur. Seules les histoires du lieu ne peuvent être effacées par une couche de peinture ou enfouies sous un nouveau parquet. Le lieu impressionne et inquiète même par sa réputation. Il paraîtrait quʼil sʼest relevé de ses ruines après avoir subi un incendie. Cʼest vrai, cela sʼest passé en 1878. Le feu sʼétait déclaré dans la maison dʼà côté, la bien nommée maison Vaucher.
Lʼincendie de la rue Possena
Puis, il sʼétait propagé à toute la rue Possena pour ne sʼarrêter quʼà la place du Tilleul (la place des cercles). Les flammes avaient épargné uniquement le temple et deux maisons à proximité. Une année plus tard seulement, lʼAsile de Buttes rejaillissait de terre. Sa renommée allait pouvoir se rebâtir sur des bases solides. Cʼest en 1858, soit quatre années après la création du Courrier du Val-de-Travers, que lʼasile fut créé. Sa vocation était dʼabriter des jeunes filles pauvres ou démunies. Son financement était assuré par une modeste pension versée par les familles (2.50 francs par jour en 1946 et 4.50 francs en 1962 pour avoir un ordre dʼidées), de dons, de loteries et de tombolas. Une vingtaine dʼenfants y séjournaient en moyenne.
Passage des enfants des Perce-Neige
Le bâtiment était dʼabord réservé aux enfants de Buttes avant quʼil ne sʼouvre à tout le Val-de-Travers dans les années 1940,
développe Dominique Fatton. Le Butteran est lʼactuel gérant et responsable technique du lieu. Il lui suffit dʼaller à lʼune de ses fenêtres pour avoir un œil sur « Les Hirondelles ». Il habite à quelques dizaines de mètres de là, à vol dʼoiseau…
Après les jeunes défavorisés, la maison a accueilli une classe dʼenfants déficients moteur-cérébral. La Fondation Perce-Neige lʼa louée entre 1968 et 1974/1975.
Cʼest à cette période que le centre des Hauts-Geneveys a pris le relais. 1974, cʼest aussi lʼannée qui marque la création de la nouvelle Fondation des Hirondelles. à peine née quʼelle se trouvait déjà face à un dilemme : que faire de la maison inhabitée ?
Les classes suisses allemandes relancent lʼactivité
Après quelques tractations, décision a été prise de se positionner comme centre dʼhébergement pour des classes en camp vert ou en camp de ski. Ce sont essentiellements des groupes venus de Suisse allemande qui ont dʼabord constitué le gros de la demande avant que les jeunes Romands « sʼy risquent » à leur tour. Aujourdʼhui, le bâtiment est occupé une cinquantaine de nuitées par année. La location permet dʼassurer un roulement régulier pour lʼentretien des murs. Cʼest le président Paul Mairy et son second David Hamel qui sont « à la tête » de la fondation. Les Hirondelles proposent un repère de 29 couchages. Cʼest exactement le nombre de jeunes Vaudois qui sont venus en camp dʼarts martiaux la semaine dernière.
Pourquoi Buttes et le Val-de-Travers ?
Soraya et Olivier Valleret sont physiothérapeute et moniteur dʼauto-école. Ils sʼoccupent aussi du club Dojo Waryu dans les alentours de Lausanne.
Cʼest la troisième fois que nous venons aux Hirondelles pour faire un camp sportif. Nous venons ici car il y a beaucoup dʼactivités à faire dans les environs. Nous sommes allés faire de la luge dʼété à La Robella et on est allé piquer une tête à la piscine dʼespaceVal. Cʼest important de pouvoir varier de discipline car nos élèves ont fait quatre à six heures dʼarts martiaux par jour. Principalement du jiu-jitsu et du karaté,
explique Soraya, quadruple championne du monde de jiu-jitsu et double vice-championne du monde de karaté. On dirait bien que « Les Hirondelles » ont retrouvé une nouvelle patronesse le temps de quelques jours. Une aile bienveillante cette fois-ci.
Kevin Vaucher