Conseil général de Val-de-Travers
Séance jeune, verte et sereine
Lundi dernier, le Conseil général de Val-de-Travers siégeait à espaceVal. à l’ordre du jour, notamment, la nomination de l’organe de révision pour les exercices 2020 et 2021, mais surtout, deux motions du Parti ouvrier populaire (POP) relatives à la création d’un parlement des jeunes et à la responsabilité de la Commune au sujet des bâtiments patrimoniaux privés et une motion du groupe socialiste (PS) concernant le plastique à usage unique.
À espaceVal, lundi soir, après avoir rapidement accepté à l’unanimité les procès-verbaux des séances des 27 novembre et 14 décembre 2020, le Conseil général s’est penché sur le point de la nomination de l’organe de révision. Face à l’assemblée, Frédéric Mairy, en charge du dicastère de l’économie, des finances et de la cohésion sociale, a rappelé brièvement les circonstances urgentes qui avaient conduit le Conseil communal à solliciter en 2019 une nouvelle fiduciaire.
Le conseiller communal a fait part de la volonté de l’exécutif de poursuivre la collaboration avec son ancienne fiduciaire de la région et de continuer avec un « double regard » sur les comptes 2020 et 2021. La proposition n’a été contestée par aucun groupe et a été acceptée à l’unanimité.
Unanimité pour un parlement des jeunes
Dès lors, le Conseil général pouvait s’attaquer aux questions centrales de cette séance, soit, pour débuter, la motion du POP au sujet de la création d’un parlement des jeunes, et son président a donné la parole à Adriana Ioset. L’élue popiste a souligné que son parti réfléchissait depuis un certain temps à cette question et a souligné « l’heureux hasard » de l’annonce du sondage d’opinion auprès de la jeunesse du Val-de-Travers lancé par la commune. Elle a regretté le faible taux de participation et s’est interrogée sur la justesse du choix de la plateforme pour celui-ci. Néanmoins, le groupe POP a réitéré sa volonté de la mise en place d’un groupe de réflexion pour la création d’un parlement des jeunes.
Chargé du dicastère de la jeunesse et de l’enseignement, Christophe Calame a tout d’abord remercié le groupe POP pour sa motion qui s’inscrit dans l’objectif visé par l’exécutif et a tenu à rappeler qu’une importante communication au sujet du sondage avait été faite. Le conseiller communal a détaillé les résultats de ce sondage auquel seulement 40 jeunes sur 700 ont participé. Même si les chiffres sont à relativiser à la vue de cette faible participation, il en ressort que 75% d’entre eux estiment que la création d’un parlement de jeunes constituerait une bonne idée, bien qu’une participation n’y est pas souhaitée et que 60% ont le souhait concret d’un crédit jeunesse. Circonspect à la vue de la faible participation, le conseiller communal a souhaité l’avis des autres groupes du législatif.
Tous se sont unanimement prononcés en faveur de cette motion, « pour entendre le futur de notre région » a notamment précisé Gloria Dias du PS. L’UDC s’est également réjouie de la proposition pour intéresser les jeunes au fonctionnement politique et institutionnel, sans dogmatisme partisan. La motion a été acceptée et charge a été donnée au Conseil communal de revenir devant le législatif avec un rapport à ce sujet dans un délai d’une année.
Non net à la seconde motion popiste
La seconde motion du groupe POP visait à charger le Conseil communal de répertorier les bâtiments privés d’importance patrimoniale et que celle-ci soit proactive afin que ceux-ci demeurent accessibles à la population, via l’éventuelle création de coopératives, de fondations ou de « toute autre forme de financement participatif ». Pour le groupe POP, Amanda Ioset a notamment cité l’exemple récent du restaurant du Chapeau de Napoléon.
Malgré sa compréhension pour cette motion, le conseil communal s’est opposé à celle-ci. Frédéric Mairy a justifié cette position par la « très large définition d’un bâtiment d’exception » et par le fait des règles en vigueur pour les monuments et sites permettant le droit de préemption. Le conseiller communal a rappelé que la situation actuelle est satisfaisante, en citant en exemple le séchoir à absinthe de Boveresse ou la chapelle indépendante de Couvet. Enfin, Frédéric Mairy a estimé que cette motion pouvait avoir l’effet inverse : « à trop vite sortir du bois », a-t-il imagé, cela pouvait occasionner une hausse des prix et refroidir alors la société civile.
Tous les groupes politiques se sont exprimés contre la motion, à l’exception des Verts. Le PLR, par la voix de Denis Cherbuin, a reconnu comprendre le côté émotionnel de la question, toutefois il s’est interrogé sur sa nécessité. De son côté, le PS a souligné que la motion n’avait pas l’aval de la majorité de son groupe et que cela représenterait une responsabilité communale trop importante. Enfin, le groupe UDC, en garant de la propriété privée, s’est déclaré défavorable craignant que cela ne conduise la commune à outrepasser ses compétences et convaincu par les arguments du Conseil communal. Proposée au vote, la motion a été refusée par 29 non, 4 oui et 5 abstentions. Un refus cinglant.
Un oui pour un non au plastique à usage unique
Dernière motion à l’ordre du jour, celle du PS au sujet du plastique à usage unique visant à ce que la commune recoure systématiquement à la vaisselle lavable pour ses manifestations et que l’utilisation de vaisselle lavable soit un critère pour l’octroi de subventions communales aux organisateurs de manifestations. La motion faisait l’objet d’un amendement des Verts. Ce dernier obligeait le recours à de la vaisselle lavable pour toutes les manifestations sur le domaine public communal nécessitant autorisation. Benoît Simon-Vermot a d’abord remercié le PS qui, par cette motion, mettait en lumière les efforts de la commune en la matière. Néanmoins, le conseiller communal a souligné que l’exécutif pouvait déjà interdire par arrêté la vaisselle jetable et que le Conseil communal proposait de refuser la motion, bien que celle-ci serait analysée en cas de oui. En outre, le refus de l’amendement était aussi recommandé.
Lors du tour de parole des groupes, certaines lignes politiques ont quelque peu bougé. Alors, que le groupe PLR rejetait la motion à une courte majorité, l’UDC se disait favorable à de telles mesures «sans taxes», tout en refusant l’amendement. Les Verts et le PoP se prononçaient pour la motion et son amendement, tout comme le groupe AGORA se disant favorable à l’amendement pour obtenir rapidement des résultats. C’est à ce moment que fut demandée une suspension de séance de cinq minutes par Sarah Fuchs-Rota pour le groupe PS. Demande acceptée par le président du Conseil général, André Rosselet.
À la reprise de séance, les groupes PLR et socialiste ont réitéré leur position. Sarah Fuchs-Rota a certes reconnu la pertinence de l’amendement mais que le groupe socialiste avait confiance dans le Conseil communal pour la mise en œuvre de sa motion sans celui-ci. Soumis au vote, l’amendement a été rejeté par 30 non, 7 oui et 1 abstention. La motion du PS a été par contre acceptée à une large majorité: 29 oui, 7 non et 2 abstentions. Celle-ci devra être mise en œuvre d’ici à la fin de la législature.
La séance s’est poursuivie par six interpellations et neuf questions au Conseil communal. à noter, parmi celles-ci, une interpellation du POP au sujet de la votations du 7 mars. Le but : la convocation d’une commission de réflexion pour donner suite à l’expression du vote populaire. Interpellation à laquelle l’exécutif a répondu, par la voix de Frédéric Mairy, qu’il demeurait « songeur » face à l’ampleur de la demande et qu’il gérerait les baux actuels et procéderait à l’entretien nécessaire des domaines concernés. Une réponse qui n’a évidemment pas satisfait le groupe POP. Peut-être, le seul léger malaise dans cette séance jusqu’alors sereine.
Gabriel Risold