Lettres ouvertes
Pour un bout de carton !
Jʼai lu et relu la lettre ouverte de Mme Kurzo (édition du 17 mars dernier) : que dire ? Rien ! Dire ne sert à rien : hurler, par contre, peut avoir un certain effet. Mais hurler contre qui ? Contre un délateur, contre un employé municipal, contre le chef de ce dernier, contre un juge ou contre tous ces ronds-de-cuir à la fois ? Ou hurler contre une loi, un décret, dʼun rigorisme tel quʼon en vint à traiter une dame âgée et handicapée comme une vulgaire criminelle ? Jʼavais un grand-oncle qui, face à ce genre de situation, disait posément : « Il y a des coups de pied au c… qui se perdent ! » Madame, ce nʼest pas à vous que je les destine…
Un bout de carton… pas une canette de bière que nos éternels soiffards laissent traîner à deux pas des poubelles, à demi-bues, parce que cʼest curieusement plus lourd à reprendre quʼà apporter, même avec trois fois moins de contenu… pas une bouteille de verre, parfois fracassée, laissée à même le sol par dʼautres fêtards… pas un parmi les centaines de mégots de cigarette qui jonchent la chaussée… pas un cornet de chips vide ou un berlingot de chocolat froid lancé depuis une voiture, non : un bout de carton… qui plus est posé contre un molok (donc pas jeté nʼimporte où dans la nature !). Au lieu de sʼen prendre à dʼautres, cʼest tellement plus simple de sʼattaquer à une vieille dame, handicapée de surcroît, et non récidiviste. Cʼest tellement bas !
Jʼhésite à demander à lʼensemble des contribuables de ce canton de déposer un bout de carton devant le premier molok venu, ce en signe de protestation, mais quelle sera la réaction ? Comprendra-t-on, ou verrons-nous une nouvelle prison sortir de terre pour y enfermer tous ces gens indisciplinés ?
Nous devrions nous balader tous avec un morceau de carton en bandoulière autour du cou, avec un slogan bien senti… mais nos autorités savent-elles lire autre chose que les textes de lois et dʼordonnances, sans avoir la moindre faculté de bon sens ? Fr. 400.- le bout de carton, cela va faire cher le confetti à carnaval et à lʼabbaye de Fleurier, nʼest-ce pas ? Le pire, Madame, cʼest que, par le biais de vos impôts, vous payez une partie du salaire de vos bourreaux !
Dans ce Vallon où les « portes dʼentrées » ressemblent juste à des gibets sans corde, jʼose espérer quʼil se trouvera quelques âmes compatissantes pour vous faire parvenir discrètement qui un franc, qui une tune, afin que vous puissiez payer la note de Fr. 230.- avant le 14 septembre prochain. Car non, Madame, vous nʼavez pas mis la patrie en danger ! Même les intégristes de la protection du climat ne vous en voudront pas. Mais ne comptez pas sur lʼappui dʼun quelconque groupe politique : ces gens-là ne pérorent quʼen période dʼélections, éventuellement de votations… en dehors de ces périodes, ils sont désespérément muets ! Cerise sur le gâteau : savez-vous quʼà Serrières il y a des mois que le carton se glisse, officiellement, dans les bennes à journaux ? Bon courage, Madame !
Sylvain Moser, Les Verrières