Lettres ouvertes
Capacité d’accueil des homes
Cʼest avec une grande attention que jʼai lu les deux lettres ouvertes parues dans lʼédition du 22 décembre dernier de mon journal préféré et jʼaimerais rebondir sur les deux sujets abordés.
La fermeture du Home des Bayards. Il y a déjà bien des années que le Conseil dʼétat neuchâtelois entreprend un travail de sape en diminuant drastiquement les capacités dʼaccueil des homes du canton, ce en dépit de toute logique autre que financière : le porte-monnaie nʼa pas de cœur… Or, la population vieillit (on ne cesse de nous le répéter), et, malgré tout le respect que jʼai pour les aides et soins à domicile, ils ne peuvent pas toujours remplacer un placement en EMS… (à ma connaissance, personne ne vient la nuit)… et ils ne sont pas gratuits non plus… Que je me fasse bien comprendre : lʼEMS nʼest jamais la meilleure solution, cʼest toujours la seule solution qui reste ! Il y a huit ans, une amie de ma mère avait dû attendre près dʼun mois, à lʼhôpital de Couvet, quʼune place se libère dans un EMS du canton : cela lʼavait moralement détruite.
Voici quatre ans, jʼavais une tante en institution sur le littoral, dans un chambre à deux lits. Jʼai eu la surprise, un jour, de constater ceci : on avait ôté le second lit et condamné le second lavabo avec une planche dʼaggloméré… que de surface libre… et inutile. On aurait pu créer un petit salon, où ma parente aurait reçu ses visites plus cordialement quʼautour de son lit de souffrance, mais la vieille dame était grabataire… Vous arriviez donc dans la chambre « nouvelle formule » avec la même impression que lorsque jʼétais petit pour atteindre les commodités : un très long couloir avec les toilettes (là, le lit) tout au bout ! Dans le même temps, on construit pour ces mêmes établissements des vérandas et des salles de rencontre, dont nombre de pensionnaires ne pourront jamais vraiment bénéficier, leur esprit étant bien loin de pouvoir réaliser cela… et cela coûte également…
Jʼignore combien de places ont ainsi disparu, ni depuis quand, mais jʼose espérer que lʼhémorragie sʼarrêtera bientôt et, quʼau moins, lorsque viendra le tour de nos chers décideurs (pas gratuits, eux non plus !) à intégrer ces structures, ils ne puissent y entrer quʼaprès avoir été placés en bons derniers sur les listes dʼattente !
Et cʼest ainsi que meurent les petits villages : on leur ôte leurs atouts au profit des plus grands. Car le home contribuait à faire tourner le magasin du village ; les visiteurs, certains membres du personnel (parfois même les pensionnaires de jour) utilisaient les transports en commun. Statistiquement, le nombre de postes de travail ne bougera pas : on en trouvera toujours le même nombre (du moins au début…) sur la commune de Val-de-Travers. Mais, pour le village des Bayards, cʼest le spectre de la cité-dortoir qui surgit…
On pourrait toutefois se consoler si les soins intensifs du RHNe venaient à être déplacés aux Bayards : cela ferait toujours deux lits de plus… ce qui ne serait pas un luxe ! (actuellement 10 pour 180ʼ000 habitants).
Quant à scanner mes achats moi-même, jamais ! Il y a dans plusieurs villages de notre vallée des petits magasins dʼalimentation indépendants : je vous invite à aller les (re) découvrir… vous vous rendrez compte quʼils sont bien achalandés et que les prix quʼon y pratique sont, parfois, plus bas que ceux pratiqués dans les grandes surfaces ! Cʼest moins stressant, à échelle humaine… et garanti sans robotique inutile.
Sylvain Moser, Les Verrières