Il est des mésaventures dont on se passerait bien…
Voici un mois, une mienne amie du 3e âge se rend chez son médecin et demande à pouvoir lui parler. Refus catégorique. Qui dit cela ? La dame de son secrétariat… sans chercher à en savoir plus quant à la raison profonde qui amène la patiente à le réclamer… pas très professionnel… et moi qui croyait que Cerbère ne gardait que les Enfers…
Patiente, le mot est bien choisi : il en faut de la patience, quand on est mal en point. Depuis samedi, une autre amie, vingt ans de moins au compteur que la première, attrape un lumbago. Aïe ! Un malheur n’arrivant jamais seul, voici que la dame se met à vomir : allez vite atteindre vos commodités lorsque le moindre déplacement vous fait mal…
Autre médecin, mais pas autre méthode d’agir : « Pas le temps, surchargé ! », assène son secrétariat. Cerbère, encore et toujours… la deuxième tête, sans doute… Voici la troisième : mon amie appelle le numéro du médecin d’urgence, on lui répond : « Mais, Madame, vous avez un médecin traitant… »
Comme le dit si bien ma très, très patiente amie (qui attend toujours que son cher médecin veuille bien la rappeler…), c’est un cercle vicieux, on n’en sort pas… à moins d’appeler l’ambulance, mais elle s’y refuse à juste titre : il pourrait y avoir une urgence vitale, et elle se sentirait responsable si son égoïsme dû à la douleur venait à provoquer un drame… et pas question de surcharger les urgences, on nous le dit assez, n’est-ce pas ?
Les grandes douleurs sont muettes, mais qu’en est-il des grandes indignations ? Ce que je viens de décrire est-il devenu la triste norme, qui plus est dans un pays réputé moderne et cité, paraît-il, en exemple du point de vue médical et médicinal ? Le très regretté serment d’Hippocrate aurait-il fait place au serment d’hypocrite ? Payons-nous des sommes astronomiques uniquement pour être laissés sur le bas-côté, tel un auto-stoppeur que personne n’accepte de prendre en charge ?
Je suggère deux choses : la première, la possibilité de consigner le montant des primes d’assurance-maladie, comme on peut le faire en cas de litige entre un locataire et son propriétaire. La deuxième : relire le livre de Louis Tamain « Médecin de campagne », époque où les moyens médicaux étaient moindres, mais où le malade avait une place préférentielle par rapport au revenu du praticien…
À bon entendeur !
Sylvain Moser, Les Verrières