Hommage à Nicolas Giger
L’art de conjuguer l’enthousiasme et la rigueur
Avec le départ de Nicolas Giger, c’est un ambassadeur du Val-de-Travers qui nous quitte. Une figure représentative d’une génération de personnalités qui ont contribué à façonner la région. Et à la faire connaître loin à la ronde, grâce à l’absinthe à laquelle Nicolas conférait de la magie. Pour permettre aux combats menés d’aboutir, les seules convictions de Nicolas n’auraient pas suffi, même solidement ancrées. Sans son immense capacité de travail, sa rigueur, sa fermeté, sa force de caractère, rien n’aurait été possible. Grâce à son enthousiasme, sa jovialité, son sens de l’humour, son art de la narration de petites et grandes anecdotes, il parvenait à imposer ses vues pour faire naître les réalisations dont il rêvait.
Partisan de la fusion des communes, alors qu’il siégeait à l’exécutif de la Commune de Boveresse, Nicolas rejoint la COTEC – Commission technique –, placée sous l’égide de l’ARVT. Cependant, c’est l’absinthe qui occupait son esprit. D’ailleurs, ne répétait-il pas lorsqu’il « guidait » des visites chez l’Absintherie du Père François : « Je suis tombé dans le chaudron lorsque j’étais tout petit ! »… Avec ses compères Klauser et Bezençon – le « KGB » d’alors –, il lance la première Fête de l’Absinthe en 1998, véritable fête villageoise, quand bien même l’absinthe n’était pas encore légalisée. Ainsi que le fameux « Vin d’absynthe », vin du Frère Nicolas…
Comment ne pas évoquer ensuite, l’une de ses plus belles réalisations qui lui valut, en 2016, le titre de Médaillé national du Tourisme de France, la fondation de l’Association Pays de l’Absinthe, respectivement la Route de l’Absinthe, reliant Pontarlier aux confins du Val-de-Travers. Cette route de l’absinthe balisée avec la précieuse collaboration de Yann Klauser : « Arpenter ce chemin crée et noue des liens forts d’amitié ! Je conserve de Nicolas son côté jovial, proche des gens ! ».
Autre grande « œuvre » de Nicolas, l’itinéraire touristique – historique et culturel – franco-suisse, La Vy aux Moines. Magistral projet inscrit au programme de la coopération avec les voisins de France, pour lequel Nicolas déploie une formidable énergie afin de relier Môtiers à Montbenoît, en République du Sauget. Comment ne pas citer son amour incommensurable pour « son » Tilleul des moines – ou Tilleul des catholiques – qu’il chérissait et au pied duquel il avait déposé une statue de la Vierge Marie, baptisée par le curé de Fleurier. Avec, en permanence, cette farouche envie de tisser des ponts et des liens entre les gens.
Tous – Jean-Louis, Jean-Claude, François, Yann et j’en passe –, à l’évocation de Nicolas, évoquent sa passion pour l’absinthe, sa bienveillance, sa convivialité et sa bonne humeur. Discrètement, du bout des lèvres, presque en s’excusant, ils ajoutent : « Un sacré caractère, le Nicolas ! ». La marque de ceux qui veulent aller au bout de leurs rêves…
À son épouse, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, à ses amis et ses proches connaissances, nos très sincères condoléances.
Claude-Alain Kleiner