Hommage à Claire-Lise Frossard
La grande mémoire de la petite histoire du Val-de-Travers
Avec le décès de Claire-Lise Frossard, le Val-de-Travers perd l’une de ses belles mémoires. Non pas tant la mémoire des dates et des événements ayant marqué l’histoire du Vallon que celle des gens et de leurs quotidiens.
Fleurisane, aînée d’une fratrie de quatre enfants, Claire-Lise grandit à la rue de l’École d’Horlogerie puis à la rue du Temple. Une mère au foyer et un père, électricien, qui l’était moins, compte tenu de son important engagement sportif, associatif et politique… Sans doute, tient-elle de cette enfance, l’éclectisme de ses connaissances et de ses intérêts. Depuis toute petite, Claire-Lise s’est montrée curieuse de tout. Elle a beaucoup lu et écrit : « À l’école, je rédigeais les dissertations de mes camarades ! » avait-elle lancé à l’occasion de sa retraite professionnelle. Car, durant trente-trois années, Claire-Lise Frossard a été l’âme du Courrier du Val-de-Travers.
Véritable autodidacte, à très bonne école sous l’égide de Claude Montandon, sa plume « facile » a fait merveille. Son sens de la formule, du raccourci, de la synthèse, de la titraille, son aisance rédactionnelle, toutes ces qualités, Claire-Lise a pu les mettre en valeur grâce à son amour de la région, à sa saine curiosité pour les femmes et les hommes de ce coin de Pays. Cette qualité rare à se mettre en posture d’écoute, à être réceptive, à deviner les demi-mots, à traduire les silences, à entendre les non-dits, toutes ces facettes brillaient chez celle qui s’est inspirée des « Anciens » – Eric-André Klauser, Jacques-André Steudler, Jean-Jacques Charrère – et qui a « poussé » les plus jeunes à mettre le pied à l’étrier – Jérôme Jeannin, Adrien Juvet –… Ainsi, tenait-elle à dire : « Du bonheur, j’en ai eu. Celui d’avoir croisé le chemin d’une multitude d’anonymes, de figures et de personnalités et celui d’avoir travaillé au sein d’une véritable équipe aussi compétente que sympathique ! ». Avec cette conscience de l’importance du trait d’union entre le passé et l’avenir, Claire-Lise a démontré toute la force de son intelligence, au service du Val-de-Travers. Entre 1985 et 2018, l’âme de l’hebdomadaire régional, Claire-Lise a tout raconté, avec justesse, distinction, transparence et humour. Avec rigueur et éthique toujours !
Toute ma reconnaissance à Claire-Lise. À sa sœur et ses frères, ainsi qu’à toute sa famille, mes très sincères condoléances.
Claude-Alain Kleiner