Fête nationale : Moi je, moi je, moi je… Non : NOUS !
Pour la fête du 1er août 2025, c’est le 31 juillet que la Commune de Val-de-Travers avait donné rendez-vous à la population sur la place Longereuse de Fleurier. Le mot d’ordre de la soirée était clair : l’unité ! Apprendre à partir du « je » pour former le « nous ». Ce grand « nous » a pris forme sur 210 mètres de tablées installés au centre de cantines tenues par 5 sociétés locales. Lors des prises de parole, le président du Conseil communal Benoît Simon-Vermot a appelé solennellement à la responsabilité collective pendant que la jeune membre du Parlement des Jeunes Nora Mairy à rappeler que « l’union fait la force… surtout si on est plusieurs. » Morceaux choisis !
Longereuse offrait une belle image de quiétude, hier soir. Pendant que les enfants sautaient sur les châteaux gonflables et faisaient des pieds et des mains pour attirer l’attention du magicien des ballons Zebrano, l’assemblée profitait calmement de moments musicaux de circonstances : d’abord la Foulée folklorique puis le Cor des Alpes de Piron. Photos, vidéos, sourires et décontraction ont accompagnés ces moments de partage.
La force du collectif par l’exemple de la pizza
Des scènes de vie simples mais révélatrices d’un état d’esprit particulier pour un événement particulier, à savoir les 734 ans de la Suisse ! Le « nous », véritable fondement d’une Helvétie unie, était partout. Ici, c’est une bête commande de pizza qui entraine une réaction humaine en chaîne : encaissement auprès du client, passage de l’argent au caissier, transmission à voix haute de la commande à la tente d’à-côté, accueillie par un sobre mais efficace « C’est noté ! » Puis, c’est le défilé des pizzas sur la spatule et dans le four : l’une entre et d’autres sortent, aussitôt coupées par une autre personne. Encore une fois, une scène banale mais qui montre au combien une tâche est plus facile lorsqu’elle est assurée en communauté.
Voilà qui résonne avec la portée de l’événement du jour. Autre chose qui résonne, les rires de cette femme qui voit son mari trébucher et se reprendre de justesse juste avant de s’étaler près de la fanfare, elle aussi « réunie » pour l’occasion. A ma gauche, on s’étonne alors du retard pris par la partie officielle. Il est 19h40, soit dix minutes après l’horaire prévu pour les discours. « C’est pas très Suisse tout ça », rigole un groupe assis aux premières loges de l’estrade. Quelque 120 secondes plus tard, Emil Margot (membre du comité d’organisation) rompt l’attente en rappelant notamment que les feux d’artifice auront lieu à 22h30, envoyés dans le ciel vallonnier depuis le terrain des Lerreux. Patience, encore…
Le Val-de-Travers, ce « cadre de vin (ou de vie ?) » si savoureux !
« Mais avant, peut-être que certains d’entre vous sont aussi venus pour écouter les discours alors allons-y. » Peut-être oui… Benoît Simon-Vermot encadre d’emblée ce moment des mots « mémoire », « partage » et « reconnaissance ». Reconnaissance ? « Oui, savoir reconnaître notre chance de vivre en Suisse et plus particulièrement au Val-de-Travers dans un cadre de vin… euh de vie (rires généreux dans le public) où chaque citoyen a la chance de faire entendre sa voix et de participer à la vie en collectivité. Dans cet environnement privilégié, il est important que les jeunes apprennent rapidement à dire ‘nous’ au lieu de ‘moi’. »
« On ne sauvera pas le monde mais… »
La jeune Nora Mairy doit justement prendre la parole en sa qualité de membre du comité du tout nouveau Parlement des Jeunes (PJ) du vallon. Une structure ouverte à toute personne de 12 à 25 ans, désireuse de faire avancer certains projets. « Récemment, nous avons créé un groupe de travail avec les PJ de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds pour réfléchir à la mobilité de la jeunesse et faire des propositions concrètes à ce sujet. Nous voulons lui donner la parole à l’heure où les nouveaux majeurs ne se pressent pas aux urnes. On ne sauvera pas le monde par nos actions mais on espère qu’on le fera au moins avancer un petit peu », livrait-elle en substance. En 1291, ils étaient trois pour signer le Pacte fédéral. Aujourd’hui, le « nous » s’est massivement élargi et chacun en est un peu « responsable ». C’est ça la Suisse alors vive « nous », non ?
Kevin Vaucher