Jeannette Steudler s’en est allée comme elle a vécu, avec discrétion et élégance. C’est dans une même volonté d’écho pudique et silencieux que les gens du Val-de-Travers ont murmuré l’annonce de son départ. Penser à Jeannette Steudler, rien de plus vrai que revenir au mot de Talleyrand : « Derrière chaque grand homme se cache une grande femme ! ». En effet, derrière le béret, la pipe et la canne de Jacques, Jeannette a surmonté les difficultés de la vie, imbibant la Carrée Burgonde de sa philosophie empreinte de résilience. Une maison d’accueil, ouverte sur les gens d’ailleurs, dans laquelle Jeannette régnait grâce à son aisance à aller à la rencontre d’autrui. Derrière la voix de stentor de Jacques, la douce mélodie du propos de Jeannette était bien présente, teintée d’humanisme. Toutes les personnes qui ont eu la chance de la côtoyer sont unanimes à évoquer sa simplicité et sa culture. Son art de manier le verbe, tant à l’oral qu’à l’écrit. Anne Rosselet se souvient de « sa magnifique plume pour raconter les Noëls d’antan », ou encore à « poursuivre le journal quotidien de Jacques-André, sur son ordinateur ! ». Gabrielle Rub, « l’infirmière des Bayards », rejoint ce sentiment : « Au fil du temps, notre relation a évolué. Jeannette était une personne très instruite. Simple et immensément accessible, jamais elle n’étalait son savoir. Raison de la transparence de nos échanges, nous parlions de la vie et de la mort, de nos vécus respectifs. Des Bayards, notre village de cœur… De son jardin, des oiseaux. On a fini par se tutoyer et, parfois, le soin médical se transformait en virée au village ! Avec Jeannette, nous échangions par WhatsApp qu’elle pratiquait couramment. Tout comme l’ordinateur… ». À l’image de l’immense générosité de Jeannette, ce geste, cette donation en faveur de l’Association « Décors de théâtre de Lermite » présidée par Jean-Daniel Oppliger, en faveur de la restauration, la conservation et la valorisation de l’œuvre de Lermite. Un président qui lance : « Quelle femme extraordinaire, attachée à sa terre ! ». Et encore sa participation à l’émission de la RTS « Mémoire(s) de villages », dans laquelle elle raconte ses souvenirs de l’école des Bayards.

Jeannette Steudler, une magnifique personne, qui s’en est allée rejoindre et faire de l’ombre à son cher Jacques-André ! À sa famille, ses très nombreux amis et autres connaissances, nos très sincères condoléances.

Claude-Alain Kleiner