Les étoiles du Courrier : *Reshani G. **Shala V. ***Perteshi F.

Peu avant le coup dʼenvoi de la rencontre, le coach de Saint-Sulpice Ardijan Kuci se voulait relativement confiant.

On a fait le boulot à lʼentraînement donc on espère que ça va bien se passer.

Cinquième du classement, sa brigade turquoise avait effectivement toutes les armes nécessaires pour vaincre un adversaire quʼelle avait battu 3-1 au match aller. Les premières minutes furent dʼailleurs totalement à son avantage. Saint-Sulpice pensait avoir ouvert le score après une petite minute de jeu mais lʼarbitre a finalement annulé cette réussite pour une position de hors-jeu.

In Shala, we trust !

Ce « faux but » a malgré tout mis en confiance lʼéquipe vallonnière. Le magnifique retourné acrobatique de Durim Shala aurait mérité une meilleure issue que le poteau (7e) mais cʼest bel et bien le montant qui a repoussé cet envoi. De loin pas rassasiée, elle a continué à pousser fort via notamment une tentative dʼun autre représentant de la fratrie Shala, Adhurim. Dans lʼenchaînement, cʼest le troisième frère, Valdrim, qui a lui aussi pris sa chance. En vain malheureusement. Cressier était pris à la gorge et nʼa pas existé durant ces vingt premières minutes.

Un coup franc et une touche comme tournants

Le premier tournant de la rencontre est survenu à la 22e minute sur un coup franc placé aux 18 mètres. Sur leur véritable première opportunité de but, les Cressiacois ont allumé la lampe. Ce but a amené lʼentraîneur Kuci à donner de la voix :

on peut en donner plus les gars !

Je traduis, « donner plus » signifiait égaliser. Ses joueurs ont dʼabord semblé un peu étourdis par le 0-1 avant de reprendre leurs esprits. Il a fallu un bon quart dʼheure pour relancer les canonniers de Saint-Sulpice en direction de la cage adverse. Après un nouveau poteau, cʼest finalement Valdrim Shala qui a ramené les siens à la parité à un peu plus de cinq minutes de la pause. À noter sur cette action que cʼest une  touche rapidement jouée qui a placé le buteur en position idéale.

Réalisme ou illusionnisme ?

Au retour du vestiaire, le même scénario quʼau début de match a filé sous les yeux des spectateurs. Cʼest-à-dire, une domination totale de la brigade turquoise. Deux corners, un coup franc juste devant la surface et deux bons tirs, cʼest le bilan offensif à mettre au crédit du FC Saint-Sulpice après moins de dix tours dʼhorloge dans la seconde période. Pas mal, mais toujours avec de gros problèmes de réalisme. Si le réalisme et lʼillusionnisme sont deux courants artistiques relativement bien dotés en dehors des terrains, seul le réalisme compte lorsquʼil sʼagit de football. Sur le terrain, la vague verte sʼest calmée à partir de la 60e minute, laissant plus dʼespace à Cressier pour créer du jeu.

Un final désarmant

Le niveau global des débats sʼest affaibli jusquʼà ce que les joueurs du Vallon touchent un nouveau montant de la cage défendue par Telmo Mendes. Remontés à bloc, les hommes de Kuci ont alors cherché à forcer la décision. « On grimpe vers lʼavant Saint-Sulpice, on grimpe… », a-t-on entendu du côté de lʼépine. Les Vallonniers étaient favoris et on peut comprendre cette envie de faire la différence pour engranger les trois points. Mais le risque nʼa pas été payant cette fois-ci ! Cressier a vu que le bloc vallonnier était remonté dans le terrain et a joué une longue balle en profondeur en direction de son attaquant de pointe. Celui-ci a « crucifié » Saint-Sulpice à dix minutes de la fin. Morale de cette partie : si lʼillusionnisme peut désarmer dans le domaine de lʼart, cʼest le réalisme qui désarme lʼadversaire sur le plan sportif.

Kevin Vaucher