Vie associative
Nantibatingou : le vid’armoires et le futur
Après trois annulations en raison de la pandémie et des mesures sanitaires, le vid’armoires de l’association Nantibatingou revient au calendrier des manifestations le 9 avril prochain. L’occasion également de reparler de l’association, fondée en 2010 à Fleurier et active au Bénin, qui promeut l’enseignement de qualité et optimise le cadre d’accueil d’établissements scolaires.
Depuis dix ans, le vid’armoires de l’association Nantibatingou était un peu rentré dans le paysage des manifestations du Val-de-Travers, un samedi au printemps, un autre en automne, où l’on pouvait venir chiner et dénicher des pépites vestimentaires à Fleurier. En raison de la pandémie, l’association avait dû annuler les trois dernières éditions de sa manifestation. C’est donc avec une joie non dissimulée qu’elle peut à nouveau proposer son vid’armoires à la salle Fleurisia le 9 avril prochain, de 9 h à 16 h, et espère continuer sur la lancée des précédentes éditions.
Cela marche de mieux en mieux avec la mode des friperies,
explique Sandrine Bosson, secrétaire, membre fondatrice de l’association et initiatrice du concept.
Cela est aussi entré un peu dans les mœurs,
abonde Pierre-Eric Choffat, président et membre fondateur de l’association. Un concept de vente d’articles de seconde main qui résonne aussi avec l’essence de Nantibatingou : la durabilité et la conscience d’économie et d’écologie.
Ces valeurs sont les mêmes,
avouent les deux membres du comité.
Dès le début, cette friperie éphémère a rencontré un joli succès et a gagné également une certaine réputation depuis plusieurs années, notamment en raison d’une bénévole, conseillère en image dans le cadre professionnel, dont les « clientes » d’un jour apprécient le conseil avisé.
Il faut reconnaître que c’est plutôt pour les dames,
relève Sandrine Bosson, avec humour. En riant, elle note que les messieurs se retrouvent plus vers la partie « apéritif » de la manifestation où les membres peuvent expliquer et partager les objectifs de Nantibatingou autour d’un thé, d’une collation ou d’un verre.
Ainsi, le vid’armoires constitue toujours une journée festive pour l’association. « Et une telle manifestation permet aux gens de se rencontrer, de créer du lien social », souligne Sandrine Bosson. « Lien social », encore un élément central dans les actions et projets de Nantibatingou au Bénin.
12 ans d’actions
La genèse de l’association, fondée en 2010, possède tous les ingrédients de la belle histoire. Lors d’un voyage au bénin, à la suite d’une panne de voiture, Sandrine Bosson et Pierre-Eric Choffat font la connaissance de Machoudi Aïbouki, directeur d’un complexe scolaire à Ourbouga, quartier périphérique de la ville de Natitingou au nord-ouest du Bénin. La sincérité, la convivialité et l’amitié de cette rencontre poussent, à leur retour, le couple à réfléchir aux moyens de contribuer à l’éducation dans cette région. Ainsi, avec deux amis, ils décident de fonder « Nantibatingou ».
Là-bas, les gens sont fiers de voir que nous avons choisi un nom en leur langue,
relève Pierre-Eric Choffat. Après douze années d’existence, l’association s’est étoffée et structurée : un comité de cinq personnes, une quarantaine de membres et une palette de donateurs fidèles ou ponctuels, la preuve du sérieux des démarches et des actions de Nantibatingou pour le développement du complexe scolaire d’Ourbouga.
Depuis 2010 et le projet initial, les réalisations de l’association pour ce cercle scolaire de 1500 élèves de 6 à 12 ans sont nombreuses, l’installation de toilettes sèches, l’achat de fournitures scolaires, la construction de bâtiments, la rénovation de salles de classe et finalement en 2021 l’adduction d’eau potable. Des actions possibles grâce aux liens de confiance et d’amitié qui unissaient Pierre-Eric Choffat, Sandrine Bosson et Machoudi Aïbouki.
Ce rapport de confiance était fondamental pour mener à bien les différents projets, sans devoir se rendre régulièrement sur place,
relate Sandrine Bosson. Pivot de la démarche de Nantibatingou, le directeur d’école relayait des demandes à l’association qui validait les projets et ensuite il œuvrait comme référent pour qu’ils se concrétisent. Malheureusement, l’usage de l’imparfait est de mise, car Machoudi Aïbouki est décédé subitement en 2017.
Des projets futurs ?
Cette triste disparition n’a par contre pas mis fin aux projets de l’association pour le complexe scolaire d’Ourbouga. En effet, l’adduction d’eau potable en 2021 a marqué la fin des travaux pour l’infrastructure de l’école. Néanmoins, une certaine inconnue demeure car en l’absence de personnes de confiance sur place, il est difficile pour Nantibatingou de réfléchir à d’autres projets.
Mais sa veuve, Yvette, aussi dans l’enseignement, nous a contactés en début d’année pour un besoin urgent et immédiat,
expliquent la secrétaire et le président de l’association. Une tempête ayant largement endommagé les toitures de l’école, Nantibatingou a décidé d’allouer rapidement une aide financière pour leur réfection.
Nous ne voulons pas nous substituer au gouvernement, mais donner un coup de pouce pour permettre aux élèves d’étudier correctement,
précise Pierre-Eric Choffat.
Cette nouvelle action pourrait augurer d’une nouvelle suite aux actions de l’association au Bénin. En se tournant vers elle pour une aide urgente, Yvette Aïbouki a repris en quelque sorte « le flambeau » de son époux. Cette dernière a été nommée directrice d’un cercle scolaire voisin et Pierre-Eric Choffat et Sandrine Bosson estiment que cela pourrait être un nouveau champ d’action.
C’est une possibilité. Si des besoins concrets et des projets nous sont exposés, cela sera une piste de réflexion,
expliquent-ils. Une éventualité qui se ferait ainsi toujours avec une personne de confiance sur place, comme le souhaite l’association et peut-être dans ce cercle scolaire voisin. Toutefois, le comité a depuis quelques semaines été également ému par l’invasion russe de l’Ukraine et du drame humanitaire qui en découle.
Nous n’avons rien décidé, mais nous réfléchissons à un moyen d’aider et notamment à une action en faveur des enfants en Ukraine ou réfugiés. Toujours en accord avec nos statuts liés à l’éducation,
annonce Pierre-Eric Choffat, en soulignant que ceci se ferait dans le cadre des structures en place cantonales et nationales. Néanmoins, en attendant une éventuelle action, la secrétaire et le président de l’association ont toujours un regard vers l’Afrique et la région de Natitingou et espèrent retourner sur place bientôt.
Gabriel Risold