Jʼai eu vent de ce concours du Service cantonal des automobiles et de la navigation (SCAN) tout à fait par hasard. Cʼest mon fils qui mʼen a parlé un jour lorsquʼil est venu manger à la maison. Sinon, je serais passée totalement à côté du truc,

sʼexclame Sylvia Matthey. Elle serait aussi passée à côté des 500 francs cash qui récompensaient les sept meilleures phrases des internautes.

« Conciliabules » de travail

Le Val-de-Travers sʼest particulièrement mis en évidence sur le plan cantonal puisque Sylvia de Couvet a été classée quatrième (Aie du cran, lâche ton écran !) et Lauriane de Fleurier septième (Un joint peut fumer des vies). Tout avait commencé lors de la première phase lancée le 16 août dernier.

Nous avions jusquʼau 5 septembre pour envoyer une proposition si lʼon souhaitait participer à la sélection. Nous en avons discuté en famille et on sʼest pris au jeu petit à petit. Chacun proposait ses idées et ça stimulait les autres.

Finalement, les Matthey décident dʼenvoyer trois propositions (une par personne maximum). Lʼun des enfants, le mari et Sylvia faisaient donc partie des 264 participants recensés.

« Je nʼy pensais plus !»

Quelques personnalités régionales telles que la sportive Marianne Fatton, le comédien Raphaël Tschudi et le politicien Quentin Di Meo ont relayé cette opération sur leurs réseaux sociaux pour mieux la faire connaître. Un jury composé de six membres du SCAN a alors procédé à une première sélection de laquelle sont ressorties trente propositions soumises au vote du public.

Et nos trois propositions ont été retenues dans les trente. Jʼai été un peu surprise car je nʼy pensais plus trop pour être honnête.

À ce stade, les lauréats ont tous reçu un bon de 100 francs à faire valoir pour une prestation du SCAN.

Ça valait déjà le coup à ce moment-là,

sourit lʼhabitante des Bayards. Une bouteille de champagne, sans alcool bien sûr, faisait aussi partie du lot.

Près dʼun quart des votes

Ensuite, les Neuchâtelois et Neuchâteloises ont eu deux semaines pour faire leur choix.

Chacun pouvait donner une voix à ses cinq slogans préférés.

Près de 1100 votes ont été comptabilisés et cʼest celui de Sylvia qui a terminé en tête avec 24.4% des suffrages. Un plébiscite !

Jʼai une nouvelle fois été très étonnée,

sʼentête-t-elle.

En plus je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux et internet et la communication se faisait essentiellement sur ces vecteurs. Jʼimagine que lʼidée était surtout de toucher les plus jeunes.

Les auteurs des cinq meilleures propositions ont donc été récompensés par 500 francs chacun. Auxquels il faut ajouter deux coups de cœur du jury. Des ajouts surtout utilisés pour mettre en avant des slogans sur plusieurs thèmes (vitesse, natel, alcool, drogue,…) et du même coup toucher des publics différents. La remise des prix sʼest déroulée le 14 octobre à Boudevilliers.

Le secret : laisser reposer

Sans oublier la petite fierté personnelle de voir afficher sa phrase de prévention aux abords des routes neuchâteloises.

Cʼest plutôt sympa comme récompense », reconnaît celle qui a passé son permis de conduire en 1977. On dit que lʼexpérience est le meilleur allié des conducteurs. Il y a sans doute du vrai jusquʼà un certain point (cʼest à ce moment-là que les plus âgés actionnent le klaxon). Pour trouver un bon slogan qui fait mouche, la famille Matthey a misé sur lʼexpérience… et une bonne dose de patience. « Nous évoquions quelques idées que nous notions sur une feuille puis on laissait reposer un peu et on les reprenait un peu plus tard. Au bout dʼun certain temps, chacun a trouvé une formule qui le satisfaisait et les dés étaient jetés.

Une initiative marquante

« Impatient sur la route et patient à lʼhôpital » avait été choisi par le fils de Sylvia alors que son mari Frédéric avait opté pour « Donner son sang mais pas sur la route ». Suffisant pour être dans le top 30 mais pas pour le top 7 gagnant. En tout cas, cette initiative aura été marquante par son côté participatif et immersif. Cela change à lʼheure du « tous pareils » et ça fait du bien. Elle aura aussi marqué les membres de la famille des Bayards puisque cʼest lʼune des dernières choses quʼils ont faite ensemble avant que Frédéric ne sʼéteigne le 4 décembre dernier.

Il a lutté plus de dix ans contre la maladie et nous lʼavons accompagné jusquʼau bout.

« Le cœur battra toujours plus fort que la mort »

Ancienne institutrice, Sylvia avait dʼailleurs pris sa retraite en 2017 pour lʼaider encore davantage au quotidien. Lʼheureuse mère de deux enfants et de quatre petits-enfants est née dans la vallée de La Brévine et est venue vivre aux Bayards en 1961. Elle avait cinq ans. Elle a ensuite rencontré Frédéric, un enfant du village, et le couple a construit son nid non loin de la scierie du village. Puisque la famille Matthey était douée en slogan, le leur aurait très bien pu être « le cœur battra toujours plus fort que la mort ! »

Kevin Vaucher