3e ligue
Deuxième grave blessure en six jours sur les terrains du Vallon
Samedi, en fin d’après-midi à Couvet, le FC Val-de-Travers menait 1-0 face à Bôle II lorsque la partie a dû être interrompue, puis définitivement reportée, en raison d’une grave blessure de Sandy Lebet. Le verdict fait mal : fracture du tibia et du péroné. Après une heure de soins sur le terrain, le défenseur vallonnier a été évacué vers l’hôpital Pourtalès où il a été opéré durant 4 heures, le lendemain matin. Il devra vivre désormais avec un clou de 30 centimètres dans la jambe gauche. Six jours plus tôt, une mésaventure similaire était arrivée à Fabio Cirillo à Môtiers. L’état de ces terrains pose-t-il problème ?
Un bruit de fracture qui fait froid dans le dos, des cris de douleur et des joueurs sonnés. Puis l’ambulance qui arrive. En six jours, cette scène détestable a été vécue deux fois aux abords des terrains de foot du Vallon. D’abord à Môtiers et ensuite à Couvet. Deux terrains naturels qui ont pour défaut de souffrir rapidement lors des périodes de pluie. Et niveau pluie, on a été plutôt gâtés ces dernières semaines. Voilà pour le décor !
Terrains en sale état
Cette série, dont on se serait bien passé, a provoqué la colère de certains suiveurs. « Pourquoi ce match s’est-il disputé à Couvet, sur un terrain naturel juste praticable, alors qu’il y a un synthétique tout beau tout neuf à Fleurier à disposition », nous a-t-on interpellés via les réseaux sociaux. Pour répondre à cette question, nous nous sommes demandé si ces deux accidents à fréquence rapprochée auraient pu être évités. Et la réponse est contrastée. Pour Raphaël Claudio (coach du FC Val-de-Travers), « il est certain que les surfaces en herbe sont dans un sale état dans le canton cet automne. Personne ne peut le nier. » Il convient au club qui accueille ou à l’arbitre de refuser la tenue d’une rencontre s’il juge que cela met en danger la santé des joueurs. Il n’en a rien été samedi dernier à Couvet.
« Presque un criminel »
Cette décision était-elle la bonne à prendre ? « C’était surtout la seule à prendre », se défend le président du FC Val-de-Travers, Paulo Sousa. « Vous savez, je suis le premier attristé par la situation. Je me sens très mal pour Sandy. Mais je dois aussi dire que le terrain était praticable. D’ailleurs, c’était le troisième match de la journée sur ce terrain et tout s’était très bien déroulé jusque-là. Les FF15 ont joué le matin et les juniors C en début d’après-midi. À 15 heures, j’aurais encore pu déplacer la rencontre aux Sugits mais on ne l’a pas fait car tout se passait bien. J’ai un peu de la peine à encaisser les critiques car j’essaie toujours de prendre les meilleures décisions pour le club. Et à les écouter, je serais presque un criminel. »
Une question de symbole ou de buvettes ?
Certes, il est vrai que si toutes les rencontres devaient être reportées en raison de l’état des terrains naturels du canton, il n’y aurait pas beaucoup de matches qui pourraient se jouer actuellement. Tous les clubs n’ont pas le luxe de bénéficier d’un terrain synthétique. Mais justement, le FC Val-de-Travers jouit de ce luxe alors pourquoi s’en priver ? « Pour la première année de notre club fusionné, il a été décidé de jouer l’entier du premier tour de la première équipe à Couvet et l’intégralité du second à Fleurier. C’est une décision symbolique. On s’y tient et on s’y tiendra jusqu’au bout », insiste Paulo Sousa. Pour d’autres, ce choix est avant tout économique et consiste à faire tourner la buvette de Couvet et celle de Fleurier « à parts égales ».
Des cas similaires sur synthétiques
Point important, ces deux cas de fractures sont la résultante de contact fortuit. À Couvet, un joueur adverse est tombé sur la jambe de Sandy Lebet. Le choc aurait-il pu être évité sur terrain synthétique ? Le joueur serait-il tombé ? Personne n’a honnêtement la réponse à ces questions. Les joueurs eux-mêmes sont divisés. « Moi j’ai vécu un cas similaire, en tant qu’entraîneur, il y a quelques années sur le terrain de Fleurier. Les blessures graves ne sont donc pas réservées aux terrains naturels malheureusement », affirme Claudio. « Une blessure de ce type, qui intervient à la suite d’un choc, peut très bien se produire sur une surface synthétique. Mon fils s’est déchiré les ligaments à Fleurier », renchérit Paulo Sousa.
Kevin Vaucher
Terrain des Sugits privilégié dès la saison prochaine ?
Cette situation met en avant la difficile gestion des terrains de foot au Val-de-Travers qui fait face à une très forte demande. Elle pose aussi la notion de priorité. Qui des juniors ou des adultes doit être prioritaire ? « Prenez le cas de samedi passé. Personne n’a râlé lorsque les FF15 et les juniors C ont joué à Couvet. Pourquoi aurais-je dû faire jouer la première équipe à Fleurier au lieu de Couvet ? Pour moi, toutes les équipes ont la même valeur », affirme Paulo Sousa. Sur ce point, certains avis divergent au sein du FC Val-de-Travers. Pour certains, la formation de 3e ligue est le moteur du club et une motivation pour beaucoup de jeunes qui veulent un jour y évoluer. Il serait donc naturel de la faire évoluer sur le meilleur terrain, qualitativement parlant, à savoir celui de Fleurier. « J’avoue que j’ai de la peine à comprendre que l’on enchaîne trois matches en une journée, sur un terrain gras et mouillé, alors que l’on bénéficie d’un synthétique flambant neuf à Fleurier. C’est quelque chose qui doit nous faire réfléchir », contraste Raphaël Claudio. La réflexion semble déjà avoir fait un bout de son chemin : « il est assuré à 90% que la première équipe jouera essentiellement sur un terrain synthétique dès la saison prochaine », avance Sousa. Voilà qui va faire des heureux.