Depuis dix-huit ans, on tape des balles à Travers
Depuis presque dix-huit ans, l’ancien terrain de football de Travers accueille un practice de golf. Une structure indépendante d’un parcours qui est unique dans le canton et les environs. Rencontre avec les deux chevilles ouvrières du lieu, évidemment passionnées de petites balles blanches.
Au printemps 2007, l’association practice golf club du Val-de-Travers voyait le jour avec l’objectif de faire de l’ancien terrain de football, propriété en partie d’un golfeur, Jean-Patrice Hofner, un practice de golf. Fin mai 2008, c’était chose faite et l’association inaugurait son practice, en profitant notamment d’un des derniers prêts LIM (loi fédérale sur les investissements de montagne). Un practice, pour un golfeur, il s’agit d’une indispensable surface d’entraînement. Là où il pourra pratiquer (« to practice » en anglais, d’où ce nom) son swing, essayer et étalonner ses coups, de longue, moyenne ou courte distance, et même son putting, soit les coups pris sur le green, la surface la plus rase et proche du trou.
À l’époque, les membres de l’association disaient avoir l’envie de démocratiser le golf et le sortir de son image « élitiste », en permettant à tout un chacun, du débutant au confirmé, en passant par le curieux, de pratiquer le golf. Aujourd’hui, dix-huit ans après, l’objectif demeure identique. « Nous avons toujours envie de casser cette image », indiquent François Kisslig et Thierry Bezzola, deux membres de l’association se partageant les casquettes au sein du comité. Les deux passionnés de golf notent que désormais l’association compte entre trente et quarante membres. « Notre practice est toujours très intéressant pour les personnes qui débutent », avance Thierry Bezzola.
Un practice accessible à tous
En effet, les deux golfeurs soulignent l’importance de l’entraînement pour élever son niveau et ou simplement le maintenir. « Et il n’y a pas que des gens du Vallon. Des gens de la vallée des Ponts, de La Chaux-de-Fonds et aussi des Français travaillant ici viennent taper des balles à midi », relève François Kisslig, en notant même la venue de personnes de passage. Ces dernières peuvent s’adresser en semaine à OSEO-Neuchâtel, sis à côté, pour accéder au practice. « Une très bonne collaboration », notent les membres du collectif. Le week-end, c’est à la boutique Goût & Région de la gare de Noiraigue que les visiteurs peuvent obtenir l’accès au site.
Avec un accès au practice illimité pour les membres de l’association, qui est à but non lucratif, via une cotisation annuelle de 200 francs, ou via un « droit de tapis », comme cela se dit dans le milieu, de 10 francs, plus 2 francs, le practice de Travers est plutôt « bon marché » pour les amoureux de la petite balle blanche. « Les autres practices se situent au sein des clubs de golf des environs et sont un peu plus chers », poursuit François Kisslig, en estimant que la structure de Travers est la seule du genre dans la région. Autrement, pour entraîner son swing, il faut se rendre dans les golfs des Bois, de Neuchâtel, du Nord vaudois ou en France voisine, où l’entrée est parfois exigeante, comme concernant le « dress code ».
Entretien un peu chronophage
Plusieurs fois par semaine, les deux compères de golf, aussi collègues au travail, s’occupent du site pour la tonte, le ramassage des balles avec une machine ou de l’état des tapis de frappe. « L’entretien du terrain nous prend vite six heures à chaque fois », avoue François Kisslig, en expliquant que le gazon est tondu parfois tous les deux ou trois jours. Pour certaines choses, l’association a pu bénéficier de matériel d’occasion, comme une tondeuse ou petit tracteur, auprès de clubs de golf des environs, ainsi que de sponsors, comme pour les balles de practice. « Il y a quand même 5000 balles dans la machine du practice », soulignent les deux golfeurs. Après dix-huit ans, l’association practice golf club du Val-de-Travers vit plutôt bien, mais souhaiterait trouver plus de membres, surtout des jeunes, et quelques sponsors. « Dans le futur, il faudrait refaire totalement le tapis du putting green qui était assez usé », reconnaît Thierry Bezzola, en ajoutant avec humour qu’eux aussi commencent à fatiguer un peu.
Toutefois, les deux compères souhaitent toujours rendre encore plus accessible le golf en maintenant ce terrain d’entraînement. « En France, il n’y a plus du tout ce côté élitiste qui peut encore exister en Suisse », soulignent-ils, avouant jouer fréquemment en France voisine. L’association a déjà répondu positivement pour organiser des initiations pour des entreprises ou particuliers, soit avec un professeur, soit données par les membres eux-mêmes, comme lors de la campagne à la domiciliation mise en place par la Commune de Val-de-Travers, où les gagnants des week-ends découvertes pouvaient s’essayer au golf.
Pour ceux qui voudraient tester par eux-mêmes ce sport, des clubs droitiers et gauchers sont disponibles au practice. « C’est un sport qui apprend l’humilité », informent les deux golfeurs avouant que si les coups d’un jour ne sont jamais ceux du lendemain, le golf devient vite « addictif », malgré la frustration. « Et nous offrons une diversification de l’offre sportive au Vallon », conclut Thierry Bezzola. Une raison à elle seule pour tenter d’essayer et, pourquoi pas, dès cet été ?
Gabriel Risold