Destination Val-de-Travers
Consommer la culture comme un ermite ?
Par son supposé côté élitiste, la culture peut faire peur. Dans l’esprit populaire, ce serait un domaine réservé à une poignée « d’ermites », vivant dans l’entre-soi artistique. Absurde, répond Destination Val-de-Travers qui a riposté à cette image erronée avec ses fameuses portes ouvertes culturelles. Elles ont eu lieu le week-end dernier et ont permis à chacun de découvrir les richesses de la région en consommant la culture non pas comme un ermite mais plutôt comme une hermine…
Oui, ce parallèle avec l’hermine est un peu osé mais parfaitement assumé. L’hermine est un rongeur qui mange beaucoup. Il peut ingurgiter jusqu’à 40% de son poids en une journée. Et ce week-end, il fallait avoir faim pour se frotter au menu concocté par Destination Val-de-Travers, avec pas moins d’une vingtaine de lieux offerts en « libre-service ». L’entité se vantait à juste titre d’être la seule manifestation à ouvrir les portes de trains, du séchoir à absinthe, des dentellières, des souvenirs des soldats Bourbaki, des montres chinoises, des aquarellistes ou encore des vitraux de la Chapelle aux Concerts grâce à la Fondation Lermite. Ermite, hermine, Lermite, la boucle est bouclée, on a fait le tour !
Les escaliers de la peur des Mascarons
En parlant de faire le tour, on a profité de ce samedi pourri sur le plan météo pour aller picorer la culture vallonnière dans différents lieux. Le premier arrêt s’est fait aux Mascarons où Blaise Berthoud a levé la cloche sur les coulisses de cette véritable machine à créer : « Depuis 1972, il y a eu quelque 110 créations originales aux Mascarons et la liste s’est encore allongée ces dernières semaines. On va la mettre à jour », blaguait-il en faisant visiter les 3 loges du lieu. « C’est grand et petit à la fois. Imaginez quand on a une pièce avec 15 comédiens, il faut vite jouer des coudes. » Et attention en montant les escaliers pour rejoindre la scène. « L’endroit est très sombre. Certains se sont déjà fait surprendre par une marche », rigole-t-il. Une discrète lumière a récemment été installée pour éviter ce genre de mésaventure.
Le couple Delachaux, jamais rassasié de culture !
De l’autre côté de la scène, on trouve un petit coin logistique avec… un casque de viking et… un verre de vin à moitié rempli. « Vous vous demandez sûrement ce que ça fait là ? Ben moi aussi. » Il se marre ! « Non, plus sérieusement, ça fait partie des accessoires pour le prochain spectacle (Une histoire du rock, dès le 5 décembre) ». On dira ça Blaise ! En repartant, nous croisons l’insatiable couple Delachaux au Musée régional du Val-de-Travers, jamais rassasié lorsqu’il s’agit de culture. « On est allé regarder le film Caroline Hills hier soir (ndlr : vendredi, à espaceVal), c’était gore mais sympa. » On continue notre route en tombant sur un groupe de Suisses allemands devant la Maison de l’absinthe. Le niveau sonore de leur discussion trahit une consommation plus que probable d’absinthe, un autre troublant marqueur « culturel » d’ici !
Une heure et demie de route pour venir à Môtiers
On presse le pas pour prendre deux desserts. D’abord au Musée d’art aborigène de Môtiers qui vivait les deux derniers jours de l’exposition autour de la collection privée du peintre et musicien Jürg Dähler. « Demain dimanche, ce sera fini ! On voit que ces portes ouvertes amènent un peu plus de monde que d’habitude », confiait une responsable. C’est ainsi qu’on est tombé sur un Jurassien ayant fait 1 h 30 de trajet pour venir voir ces œuvres. « Le travail de Jürg Dähler me fascine. Je me dis toujours qu’il a dû passer un temps incroyable sur chacun de ses tableaux tant la technique est fine et précise. » C’est tout en délicatesse aussi qu’on s’infiltre enfin dans la Chapelle aux Concerts de Couvet où Marie Contesse est en train de lire quelques lettres de Lermite, adressées à sa future épouse Nadine. On se pose et on ne pense à rien d’autre qu’à écouter. Place à la digestion maintenant…
Kevin Vaucher






Blaise Mulhauser devant l’assemblée d’une trentaine de personnes. 
De gauche à droite : Mathieu Erb, directeur de la CCNC, Florence Nater, conseillère d’État, Claude-Alain Kleiner, président d’AVIVO et Marc-André Nardin, avocat conseil d’AVIVO étaient réunis pour présenter cette démarche novatrice.