Caroline Hills
Le Colisée vit deux glorieuses soirées grâce au « film vallonnier »
Le film tourné intégralement au Val-de-Travers et joué par des actrices et des acteurs de la région a fait salle comble pour son avant-première et son avant-deuxième qui ont eu lieu, le week-end dernier, au cinéma Colisée de Couvet. Caroline Hills est à la fois un magnifique coup de projecteur sur la région, le fruit du travail d’une grande famille et un produit cinématographique amateur dont le rendu abouti récompense un travail qui n’avait rien d’amateur.
« Ce soir, on ne célèbre pas seulement un film, mais aussi 300 heures de préproduction, 400 heures de tournage, 1200 heures de post-production et… quelques jurons, il faut se l’avouer. Mais nous y sommes enfin ! Je n’y croyais presque plus après tout ce travail. Cela aurait sûrement été plus simple de décrocher un doctorat d’astrophysique que de boucler ce film », plaisantait le réalisateur José Luis Segura. « Parfois, le terme ‹ amateur › est un peu réducteur. Ce qu’on a fait tous ensemble, c’est tout sauf petit ! »
Le spectre d’Antonio Martinez plane sur le Colisée
Si le Vallonnier a été la star de la soirée, il a tenu à partager les louanges avec les acteurs « incroyables bien qu’ils n’aient jamais fait de théâtre pour la plupart », avec les partenaires et sponsors « sans qui on n’aurait pas pu faire grand-chose tant au niveau du matériel que des lieux de tournage », ainsi qu’avec ses proches dont « ma femme Cristina qui a donné une âme visuelle à ce projet et supporté mes coups de stress. » José Luis a terminé par ces mots remplis de sens : « Vous êtes plus qu’une équipe pour moi, vous êtes une famille ! » En parlant de famille, l’émotion a été grande lorsque l’épouse du défunt Antonio Martinez, brutalement décédé pendant le tournage (sans lien avec cette activité), a reçu un cadre renfermant la chemise de shérif qu’il portait dans une partie du film. « Nous ne l’oublions pas et il était important de lui accorder une place durant ces deux jours de lancement du film ».
« Je n’avais encore jamais fait de discours entre deux cadavres. »
Deux jours qui ont été couronnés de succès puisque le Colisée affichait complet les deux soirs, avec quelque 200 spectateurs par soirée réunis. De quoi faire vivre de belles heures de gloire à la salle de Couvet qui a parfaitement joué son rôle dans ce projet exceptionnel pour la région. Le maître de cérémonie, Jean-Nat Karakash, a souligné non sans humour que « ces soirées auraient pu avoir lieu à Cannes ou à Hollywood mais c’est finalement au Val-de-Travers qu’on vit ce moment ensemble. » Et on n’aurait été mieux nulle part ailleurs. Dans le ton léger de la soirée, et peut-être aussi un peu pour déstresser avant de regarder le film d’horreur Caroline Hills, la conseillère communale Sarah Fuchs-Rota a, quant à elle, souligné le fait qu’elle n’avait encore jamais fait de discours entre deux… cadavres (ndlr : en rapport au décor en lien avec le film qui avait été érigé dans le cinéma).
L’hommage du patron de la Cinémathèque suisse Jean Studer
En ses qualités de directeur de la Cinémathèque suisse et de La Chaux-de-Fonds Capitale culturelle suisse 2027, Jean Studer a tenu à rendre hommage au réalisateur José Luis Segura en s’appuyant sur l’attachement des Neuchâtelois pour leurs cinémas. « À Zurich, il y a 80’000 fauteuils de cinéma. Dans notre canton, il y a 11 cinémas et 3500 à 4000 fauteuils. Mais Neuchâtel est le territoire le mieux doté du pays si on rapporte ces chiffres au nombre d’habitants. Ce soir, vous faites perdurer cette belle tradition dans cette salle de Couvet. » Loin d’être terminée, l’aventure pourrait bien se poursuivre avec une suite à ce premier film. La fin surprenante et un peu floue du premier volet laisse une large place à de nouveaux rebondissements. Et si les mystérieuses forêts vallonnières n’avaient pas révélé tous leurs secrets ?
Kevin Vaucher









De gauche à droite : Jessie Kobel, Pierre Aucaigne, Thierry Meury et David Charles, les quatre comédiens présents à Saint-Blaise, mardi, pour présenter la 5e édition de la Revue neuchâteloise. 