Frelon asiatique
L’histoire d’un Covasson pour demeurer vigilant
Fin septembre, René Rebetez observait des frelons asiatiques dans son jardin, puis découvrait leur nid dans la cime d’un arbre derrière chez lui. Le Covasson a idéalement réagi en signalant leur présence à la task force suisse contre cette espèce invasive.
Il y a un mois, le couple de Covassons, Colombe et René Rebetez, a fait une singulière découverte en travaillant dans son jardin. « C’est d’abord mon épouse qui a remarqué une drôle de guêpe en s’occupant de ses fleurs », relate René Rebetez. Peu après, il observe lui-même cet insecte noir aux extrémités des pattes jaunes manger les raisins de sa vigne et qui ne ressemble pas à un frelon européen. Lui revient à l’esprit la lecture d’un article de nos confrères d’ArcInfo sur la lutte dans le canton contre le frelon asiatique et la nécessité de signaler toutes observations suspectes sur la plateforme frelonasiatique.ch. « J’ai signalé la position et envoyé une photo du spécimen sur le site », explique-t-il, en ajoutant que celui-ci apparaît aisément sur les moteurs de recherche.
Une réponse lui parvient rapidement par courriel : il s’agit bien d’un frelon asiatique, Vespa velutina. Si son épouse se dit « beaucoup surprise » de la conclusion, son mari, lui, reconnaît ne pas l’être par le nombre d’observations dans la région. « À regarder la carte du site relevant les signalements, j’ai été impressionné », poursuit le Covasson. Pour la biologiste Karine Vogel, membre de la task force suisse contre le frelon asiatique, les signalements de l’espèce invasive dans les vallées et montagnes neuchâteloises ne sont « plus une surprise ». La scientifique juge même que le nombre d’observations est sous-estimé par rapport à la réalité.
Parti à la recherche du nid
L’épisode n’est pas terminé. Le lendemain, René Rebetez découvre plusieurs frelons asiatiques sur les grappes de son raisin, occupés à se nourrir. Collectionneur de coléoptères et de papillons durant son enfance, il décide d’observer le comportement spécifique de l’espèce invasive. Notamment, il constate qu’une fois « repus », les frelons repartent tous dans la même direction. « Je me suis dit qu’il devait y avoir un nid pas loin », se rappelle-t-il. Finalement, il le repère dans la cime d’un arbre en bordure de forêt, environ à 200 mètres derrière chez lui. Une grosse boule facilement visible.
Le Covasson retourne sur le site en question pour signaler son observation et la position du nid. « Je trouve magnifique que les citoyens aient appris à le reconnaître et nous signalent sa présence », déclare Karine Vogel, en ajoutant que cela est « indispensable » afin de transmettre les informations et coordonnées aux cantons pour une action sur le terrain. En effet, la task force suisse vient en appui des autorités cantonales pour repérer l’insecte nuisible et trouver ses nids, afin qu’elles puissent les éliminer. C’est ce qui a été fait par le Service de la faune, de la forêt et de la nature du canton, au tout début octobre, après avoir été informé par la task force suisse et que René Rebetez a signalé avec précision l’emplacement de ce nid.
Un leitmotiv : être vigilant
Pour rappel l’espèce invasive construit deux nids durant sa saison. Un primaire au printemps, fait par la reine et contenant une vingtaine d’ouvrières, puis un secondaire à partir de l’été, contenant plusieurs milliers d’individus et élevant des dizaines de reines pour la saison suivante, qui à leur tour, si elles survivent à l’hiver, construiront un nid primaire. Pour la biologiste, il n’est pas encore possible de tirer un véritable bilan chiffré de l’expansion du frelon asiatique pour cette année 2025. « Nous venons encore de recevoir trois nids secondaires du Jura à analyser », indique-t-elle. Toutefois, elle peut parler d’une véritable invasion et espère que les efforts mis en place vont permettre de ralentir sa progression. Si, certes, il faudrait dès le printemps localiser les nids primaires et que la saison automnale a débuté, et donc bientôt l’hibernation pour les larves de reines, Karine Vogel invite la population à rester alerte. « Les feuilles des arbres vont tomber et la présence de nids secondaires dans les arbres sera peut-être plus visible », avance la scientifique.
Néanmoins, l’espèce se révélant très opportuniste, Karine Vogel souligne que les citoyens devraient être attentifs également aux appentis de granges, aux composts ou encore aux haies. « Plus les gens sont vigilants plus il y a de chances de trouver ces nids », poursuit la biologiste. Une attitude qu’ont parfaitement adoptée Colombe et René Rebetez. Au courant des dégâts sur les ruchers en France provoqués par le frelon asiatique et les risques en cas de piqures multiples, le couple de Covassons va être désormais vigilant. D’ailleurs, Karine Vogel recommande, en cas de découverte d’un nid primaire ou secondaire, de ne pas « s’aventurer soi-même » à le détruire, mais de le signaler. D’une part pour ne pas risquer d’être blessé, mais surtout pour ne pas laisser s’échapper des individus et permettre la dissémination de l’espèce.
Pour la petite histoire, un frelon asiatique demeure chez le couple de Covassons. René Rebetez s’est souvenu de la méthode de séchage des coléoptères et a épinglé sur une plaquette une guêpe, un frelon asiatique et un frelon européen, de quoi bien exemplifier la différence.
Gabriel Risold
Pour toute observation suspecte :



De gauche à droite : Jessie Kobel, Pierre Aucaigne, Thierry Meury et David Charles, les quatre comédiens présents à Saint-Blaise, mardi, pour présenter la 5e édition de la Revue neuchâteloise. 


De gauche à droite : Jessie Kobel, Pierre Aucaigne, Thierry Meury et David Charles, les quatre comédiens présents à Saint-Blaise, mardi, pour présenter la 5e édition de la Revue neuchâteloise.